COVID-19, Adaptation et déstabilisation des relations interpersonnelles dans la musique et le sport pendant le confinement

3.2. Travailler sur une nouvelle forme de relation

Cette dimension a été caractérisée par l'établissement d'une nouvelle relation de soutien basée sur (la recherche de) nouvelles connaissances et stratégies. Les enseignants et les entraîneurs sont des figures de référence ; ils jouent un rôle crucial en guidant le joueur sur le plan technique et artistique, mais ils sont également impliqués dans la dynamique personnelle plus large qui entoure le joueur, contribuant ainsi au développement de la personne dans son ensemble. On comprend mieux cela en considérant les trois aspects suivants : l'établissement d'un lien très étroit entre les enseignants ou les entraîneurs et les apprenants ; la manière dont chaque membre de la dyade prend soin de la relation et la soutient ; et la manière dont la figure de référence représentée par l'enseignant ou l'entraîneur a été transformée par la nouvelle relation de confinement.

a. Établissement d'un lien très étroit

L'approche virtuelle soudaine du sport et de la pratique musicale a établi un lien plus intense parce que la relation avait été modifiée. Cette adaptation a permis un rapprochement de la dyade basé sur la communication.
"Je pense que pendant le premier mois, je n'ai presque pas eu de nouvelles de lui et cela a été difficile, ou seulement un peu par téléphone. Ensuite, nous avons mis en place plusieurs sessions par semaine, et cette relation est devenue très forte. Nous parlions beaucoup - des schémas des jeux, des maches - mais aussi d'autres choses". (A6)
"Pendant le confinement, j'ai eu l'occasion de faire la connaissance d'un autre élève. En fait, j'ai découvert qu'elle était extrêmement attentive à mes remarques, ouverte aux critiques, mais surtout qu'elle s'ouvrait à moi sur les problèmes liés à la musique. Ce qui est triste, en fait, c'est que je ne la connaissais pas du tout [avant]... Cette période d'éloignement forcé m'a permis de me rapprocher, de nous rapprocher les uns des autres. Je pense que c'était vraiment très positif". (T3)

b. Nourrir la relation

Les nouveaux cadres dans lesquels les relations se sont déroulées semblent remettre en question les dynamiques antérieures et entraîner des changements importants, notamment en ce qui concerne l'écoute mutuelle et l'entretien de la relation.
"Ce qui m'a beaucoup touché, c'est la façon dont il a pris soin de moi. Nous parlions beaucoup de l'instrument, mais cela commençait toujours par un "Comment allez-vous ?", et aussi de nombreux messages de WhatsApp pour savoir comment j'allais, parce qu'il savait que c'était difficile pour moi. Plus d'entraînement, plus d'efforts, tout à la fois, et plus d'objectifs... Je pensais qu'il était beaucoup plus intéressé par moi qu'avant". (M4)
"Il était impossible de jouer : la situation à distance ne le permettait pas. J'ai donc dû adopter une posture plus centrée sur l'écoute et la relation... Dans nos cours au conservatoire, nous avions l'habitude de jouer ensemble. Souvent, au début, il jouait seul, mais ensuite nous passions une grande partie de la classe à jouer ensemble. Tout cela s'est terminé... mais cela m'a permis de prendre du recul, de lui donner confiance en soi et, pour cela, j'ai dû développer des stratégies pour qu'il se sente en confiance. Je pense que c'était loin d'être une situation facile pour nous deux, mais cela nous a rapprochés". (T2)

c. Guider

Pour certains étudiants, les appréhensions étaient liées à des préoccupations concernant l'avenir. Pendant cette période de doute, les enseignants et les entraîneurs ont assumé le rôle de guides pour l'avenir de leurs élèves.
"J'étais dans un dilemme depuis plusieurs mois parce que j'avais eu d'autres propositions, certaines venant de clubs qui étaient meilleurs et d'autres de clubs moins bons, mais plus proches de ma famille. Nous en avons discuté. Il ne voulait pas me perdre, mais il voulait ce qu'il y avait de mieux pour moi. Il m'a aidé à faire le bon choix. C'était donc une relation différente, d'autant plus qu'après le confinement, j'allais changer de club..." (A5)
"Il y avait des examens à préparer, même si nous ne savions pas vraiment quelle forme ils prendraient... J'étais plutôt dans le doute. Surtout que j'étais en dernière année de maîtrise, je ne posais pas beaucoup de questions... J'avais passé quelques auditions, mais sans même réussir le premier tour... Donc, nous avons passé beaucoup de temps à discuter de tout cela. En fait, ça m'a ouvert les yeux parce qu'il y a aussi d'autres possibilités au-delà des examens. J'avais besoin de ça, à l'époque". (M5)