Dermatologie au cinéma, les méchants et les héros ont des signes distinctifs dermatologiques

Dès l'apparition du cinéma muet, les réalisateurs ont différencié les héros positifs (les gentils) des héros négatifs (les vilains) par des signes dermatologiques disctinctifs. Le plus souvent le vilain était doté de maladie de peau disgracieuse. A cette période où le caractère immoral du personnage ne pouvait pas être traité par l'expression orale, les réalisateurs ont pensé qu'il était plus évident de symboliser la méchanceté, l'immoralité, la noirceur du personnage par des caractéristiques visibles dermatologiques.
Ces caractéristiques sont restés valides même après la disparition du cinéma muet.

Les héros, « les gentils » sont définis comme des personnages qui s’imposent dans des circonstances extrêmes et dramatiques par leur sens de la morale, du courage et leur détermination. Bien qu’ils puissent être ambigus et imparfaits, ils peuvent se sacrifier pour montrer l'humanité à son mieux.
Les « méchants » sont définis par leur malveillance, leur égoïsme et leur volonté de toute puissance, parfois masqués par d’autres aspects de leur personnalité, mais le plus souvent ils se présentent « non masqués » diaboliques.

Des médecins américains, les docteurs Julie Croley et Richard Wagner ont voulu faire la preuve des caractéristiques dermatologiques dichotomiques utilisées dans les films américains pour distinguer les héros positifs (les gentils) et les héros négatifs (les méchants). Pour cela, ils se sont référé à l'Institut du Film Américain qui a dressé la liste des plus grands héros de cinéma de tous les temps, et des pires méchants de cinéma de tous le temps. Les docteurs Julie Croley et Richard Wagner ont examiné les 10 premiers de chacune de ces listes.

Du côté des héros (Indiana Jones, James Bond, Rocky Balboa, etc.), ils ont une "belle gueule", pas de problèmes dermatologiques saillants, tout juste pour quelques-uns de petites cicatrices que l'on trouve chez les héros, pas plus. Mais rien de tel chez les "vilains" (Hannibal Lecter, Dark Vador, La Reine de Blanche Neige, etc.), un véritable atlas de dermatologie. Six des 10 premiers de la liste ont des problèmes dermatologiques :

• 30 % présentent une alopécie (calvitie) importante
• 30 % des lésions pigmentées autour des yeux,
• 30 % une dépigmentation de la peau ou un teint grisâtre
• 20 % des rides faciales profondes
• 20% de multiples cicatrices au visage
• 20 % des verrues
• 20 % un rhinophyma

Parfois, c'est encore la couleur de leur peau qui les distinguent, la couleur des cheveux. Souvent plusieurs signes dermatologiques sont associés chez le même personnage, un teint grisâtre ou peu naturel, des cicatrices inesthétiques, des cheveux d'une couleur inhabituelle.

Ces indices dermatologiques visuels évoquent chez le spectateur l'appréhension et la crainte devant ce qui n'est pas familier et lui procurent un parallèle perceptible avec la personnalité du personnage, son immoralité. C'est un moyen qui épargne le scénariste d'explications ou de commentaires tout en apportant au spectateur la compréhension du personnage.

Cette manière de traiter la personnalité d'un personnage au cinéma fait l'objet de controverses. Les représentations de ces films ont déclenché la création de groupes de défense visant à défendre la cause des personnes souffrant de problèmes dermatologiques (Association nationale pour l'albinisme et l'hypopigmentation) et à diminuer l'emploi de stéréotypes au cinéma basés sur ces troubles dermatologiques pour personnaliser les personnes "méchantes" et amorales.

Mais ce n'est que du cinéma...

Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Julie Amthor Croley; Vail Reese; Richard F. Wagner Jr Dermatologic Features of Classic Movie Villains. The Face of Evil. April 5, 2017. JAMA Dermatol