Art de la Gravure

Gravure au pointillé

La gravure au pointillé, qu’on nomme aussi gravure en mezzo-tinto et gravure à la manière noire, n’emploie pas de tailles, mais des myriades de points qu’on obtient sur les planches au moyen d’une roulette, outil dont la roue ressemble à une molette d’éperon et qui crible la planche de petits points. On emploie aussi de préférence, pour faire le grain, un outil nommé berceau, large ciseau dont le bord en portion de cercle est strié et présente des pointes très aiguës. L’ouvrier en berçant sa main sur la planche vernie fait entrer ces pointes dans le métal. La planche ainsi grenée, on prend le racloir et avec cet instrument on use plus ou moins les grains, suivant que l’on veut obtenir des parties plus ou moins brillantes ; on plane entièrement les parties qui doivent être complètement blanches. Il faut une grande habileté pour exécuter ce genre de gravure, qui est mou et promptement usé par le tirage, car la planche la mieux exécutée ne peut fournir que deux ou trois cents bonnes épreuves.

Un Anglais, Horace, Walpole (Anecdotes sur la peinture), attribue l’invention de ce genre de gravure à Robert, neveu de Charles Ier, qui aurait été conduit à cette découverte parce qu’il vit sur un fusil de soldat une sorte de figure gravée par de petits points que la rouille avait faits sur le canon de cette arme. Robert arriva à cette conclusion que, si on pouvait trouver un moyen de couvrir une plaque de cuivre de myriades de grenelures, on obtiendrait une impression toute noire, mais qu’en planant plus ou moins certaines parties on aurait des tons plus ou moins pâles allant jusqu’au blanc ; on pourrait donc modeler une figure. Il fit part de son idée au peintre Wallerant Vaillant, avec lequel il fit des expériences qui réussirent. Malheureusement la petite anecdote de Walpole est controuvée, puisqu’un graveur français presque totalement inconnu, François Aspruck avait produit dès 1601, c’est-à-dire quarante-huit ans avant Robert, une suite de treize planches représentant le Christ et les Apôtres, et une autre planche, Vénus et l’Amour, datée aussi de 1601. On peut voir ces quatorze épreuves au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de Paris.

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