Art de la Gravure

Historique de la gravure

L’art de la gravure consiste à tracer un dessin, une composition sur une matière plus ou moins dure, telle que le bois, pierre, métal. A son début, cet art n’a satisfait qu’à un besoin de luxe, et son utilité se borne à créer des cachets, des camées et des intailles. Au XV° siècle, les orfèvres, qui faisaient des nielles, couvrirent de tailles des planches qui par l’impression fournissent des épreuves ou des estampes en nombre considérable et créèrent un art des plus utiles.
Tous les genres de gravure peuvent être ramenés à trois types différents que nous étudierons après avoir donné un aperçu historique sur la gravure. Ces trois gravures sont : la gravure en creux, la gravure en relief et la gravure en bas-relief.

Planche XVI. Gravure sur bois du XV° siècle (1418)
Planche XVI. Gravure sur bois du XV° siècle (1418)

Historique

L’art de produire des dessins sur une surface plane métallique remonte à une haute antiquité ; les Orientaux les premiers décorèrent des objets usuels en ivoire, en bois et surtout en métal, d’ornements gravés ; les Egyptiens, les Grecs et les Romains surent également embellir divers objets par de fins dessins tracés à l’aide d’un délicat burin ; mais cet art devint surtout remarquable à l’époque du moyen âge et de la renaissance ; durant ces périodes de l’art, la gravure fut pratiquée d’une manière presque exclusive par les armuriers et les orfèvres, qui l’utilisaient pour décorer les armes et les objets d’orfèvrerie.
Très souvent ces habiles artistes incrustaient dans leurs travaux intaillés des fils d’or et d’argent ; souvent aussi ils remplissaient leurs intaille d’un émail noir, nielle, nigellum (Theophili Diversarum artium schedula), niello (Benvenuto Cellini, Dell’orifeveria, ch. II).

Nous n’avons pu parler ici des divers genres de gravures de l’orfèvrerie et de la damasquinerie, mais seulement de l’art d’imprimer des estampes, que l’art de nieller a créé.

La première estampe date de 1452 ; c’est là une date fixe et certaine. Antérieurement on a bien produit quelques travaux dans le genre qui nous occupe ; ainsi on connaît une suite de la Passion qui aurait été exécutée en 1446 ; un saint Christophe en 1423 ; M. le baron de Reiffenberg aurait même acquis pour la bibliothèque de Bruxelles une estampe sur bois qui, au dire des hommes les plus compétents, serait de 1418 ; notre planche XVI montre un fac-similé de cette gravure sur laquelle on peut dire la date sur la traverse de la barrière ; enfin M. H. Delaborde ferait de deux estampes imprimées sur les feuillets d’un manuscrit. Malgré toutes ces dates sérieuses et indiscutables, les Allemands, qui revendiquent sans cesse pour leur pays l’invention de tous les arts, les Allemands, disons-nous, voulaient faire passer Martin Schongauer comme le père de la gravure en taille-douce. Or depuis que Zani découvrit dans un recueil du Cabinet des estampes à Paris une épreuve de la Paix, de Florence, exécutée en 1452 par Maso Finiguerra, la thèse allemande n’est plus soutenable.

On sait, du reste, et Emeric David l’a fort bien narré dans son Histoire de la gravure, que Maso Finiguerra, natif de Florence, avait exécuté en 1452 une Paix, et qu’avant de répandre le niello sur la planche déjà gravée, avant même d’avoir terminé sa gravure, il voulut juger de l’effet de son travail.
Il en prit une empreinte avec de l’argile, puis il coula des épreuves en soufre de cette empreinte. Pour apprécier ses effets sur un papier, il répandit du noir dans les sillons du soufre, il frotta la surface et, après avoir humecté ou plutôt humidifié un papier, il conçut l’idée de tirer une épreuve ainsi que le faisaient les graveurs sur bois. Dès lors était trouvée la gravure en taille-douce ; en effet, notre grand artiste italien, orfèvre et sculpteur, l’élève des Ghiberti et des Masaccio, quand il eut terminé sa planche d’argent, en tira des épreuves avec une encre durable. Ainsi donc Finiguerra obtint de véritables estampes au moyen d’une planche qu’il avait tout simplement exécutée dans une tout autre intention. Notre figure 427 montre cette plaque de Paix de Finiguerra.
Dès lors beaucoup d’artistes des XV° et XV° siècles, d’orfèvres qu’ils étaient, devinrent graveurs, et, au lieu de graver des objets d’orfèvrerie et des bijoux, ils gravèrent des modèles pour fournir des matériaux aux orfèvres, aux joailliers, aux armuriers, aux émailleurs, aux fabricants de meubles, etc.
Ce furent des élèves ou des imitateurs d’Albert Dürer, connus sous le nom de petits maîtres, qui les premiers se firent remarquer ; les plus renommés sont : Albrecht Altdorfer, Aldegraver, Goerg Pens, Virgilius Solis, Hans Sébald Beham, Théodore de Bry, Jean Collaert, etc.

Fig. 427. Plaque de la Paix de Maso Finiguerra
Fig. 427. Plaque de la Paix de Maso Finiguerra

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De ce qui précède, il résulte donc que la première manifestation de la gravure en taille-douce, celle qui fixe la date historique, est bien de 1452, et c’est bien à un artiste italien à qui l’on doit la découverte de la gravure. Postérieurement la plaque d’argent a été remplacée par des plaques de cuivre rouge et de cuivre jaune, ces matières ayant permis de créer pour des prix modiques de grandes estampes.

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