Les conduites addictives

Pourquoi se drogue-t-on ?

Quels sont les principaux effets liés à la consommation de drogues toxicomanogènes, effets recherchés (pourquoi se drogue-t-on ?), effets réels, sevrage et complications

Les causes des toxicomanies sont au moins aussi nombreuses que les raisons de cesser l’intoxication. Pourquoi se drogue-t-on ? Le schéma de Cl. Olivenstein est toujours valable : les toxicomanies résultent de la rencontre entre un sujet et une drogue dans un contexte donné. A cet endroit, on conçoit combien l’adolescence est une étape délicate : c’est là que s’effectuent les recherches, que se constituent les repères essentiels, que surgissent les premiers véritables conflits ; c’est l) surtout que se structure la personnalité au travers de choix déterminants, axés sur sa propre autonomie et souvent la quadrature avec les interdits de la société ; c’est là enfin que se rencontre le phénomène de bande, et l’adhésion à des normes souvent en opposition avec celles des adultes. Dès lors, particulièrement à cette étape, la curiosité, l’ennui sont des risques avérés "d’entrer en toxicomanie" pour y trouver des sensations fortes, une alternative aux problèmes de l’existence, voire plus simplement pour se conformer au comportement addictif du groupe, sorte de rite initiatique affirmant et consolidant son appartenance.

Ce processus qui, au pire pouvait conduire aux classiques marginalisation et exclusion sociales, peut se retrouver plus tard au sein d’une vie professionnelle périlleuse, vouée au culte de la performance. Dès lors, paradoxalement, la prise de drogue devient facteur d’inclusion professionnelle et non plus témoin de rejet, on connaît l’usage des dérivés cocaïniques et le recours massif aux psychotropes dans le monde du travail. Le recours aux drogues peut encore témoigner d’une personnalité antisociale où dominent impulsivité et intolérance face à toute frustration ; voire d’un sujet psychotique où la consommation de produits surtout sédatifs y comporte une dimension d’automédication. Le contexte social enfin pèse lourd : désinsertion sociale, délinquance, partage d’activités de revente, prostitution, chômage… Au total quel que soit le contexte, une difficulté, voire l’impossibilité à mettre en oeuvre une conduite ajustée aux situations rencontrées, pourrait entraîner une lente dévalorisation de soi, une anhédonie permanente que viendrait temporairement pallier la consommation de drogues. Cette consommation d’abord ponctuelle pourra évoluer vers la toxicomanie installée dès lors qu’une prédisposition biologique aux comportements abusifs se sera développée à la faveur des premiers contacts et qu’elle rencontrera une présdisposition génétique au sein d’un contexte socioculturel à risque. La conjonction favorable de ces deux paramètres permettra une dérive vers l"addiction.

Les effets réels des drogues peuvent rencontrer ceux initialement souhaitée : expérience hallucinogènes, sédation, stimulation psychique et somatique. Il existe une relation dose effet en relation étroite entre l’occupation d’une cible biologique par la substance toxicomanogène et l’effet produit. Plus la cible tendra à être saturée et plus la réponse sera intense et durable. L’accessibilité aux cibles biologiques dépend du degré de bio disponibilité de la drogue ; cette bio disponibilité étant réglée par de nombreux paramètres, en particulier le mode d’absorption. Les effets des drogues sont soit aigus (jusqu’à l’overdose ou / et la mort), soit chroniques ; généralement spécifiques au récepteur occupé ; mais directement ou indirectement, les substances toxicomanogènes affectent l’organisme entier. Il est connu que les effets du sevrage, aussi douloureux soient-ils, ne présentent jamais le caractère gravissime (delirium tremens de l’alcoolique et convulsions des barbituriques à part) de certaines overdoses, telles celles dont les opiacés sont responsables (une centaine de décès annuels).

En revanche, les toxicomanes s’exposent du fait de leur mode de vie (manque d’hygiène, défect de suivi médical, promiscuité…) et des conditions d’utilisation des drogues injectées (matériel septique - en régression ) mélanges hasardeux, toxicité des produits de coupage…) à des complications fréquentes et multiples. D’abord complications infectieuses, risque septicémique à staphylocoque surtout, maladies vénériennes, tuberculoses, risque septicémique à staphylocoque surtout, héroïnomanes, tétanos si l’injection est sou-cutanée. Les autres complications sont d’ordre digestif (hépatites B et C avec risque notable de passage à la chronicité), cardiovasculaire (l’endocardite est fréquente et grave), pulmonaire (granulomes provoqués par l’adjonction de talc ou d’amidon aux préparations injectées) et neurologiques (névrites et accidents vasculaires cérébraux). Chez la femme il faut retenir le risque d’accouchement prématuré avec syndrome de sevrage néonatal et rappeler que la plupart des drogues passent la barrière placentaire et diffusent dans le lait maternel (l’allaitement est contre indiqué). Enfin, l’infection à V.I.H. est le fait des toxicomanes utilisant un matériel différents participants ; cette pratique a cependant nettement diminué (du fait des ventes libres de seringues en pharmacie) mais l’incidence de V.I.H. reste toujours préoccupante chez les toxicomanes.

Les complications liées à l’usage des drogues sont aussi sociétales. Et le Rapport Roques au Secrétariat d’État à la Santé (1999) a pu évaluer le degré de dangerosité sociétal des conduites toxicomaniaques en fonction de trois critères majeurs que sont la dépendance psychologique, la toxicité générale du produit, sa dangerosité sociale. En tête arrivent héroïne, cocaïne et alcool, puis les psychostimulants, les hallucinogènes, les benziodiazépines et le tabac. Le cannabis et ses dérivés se placent en fin de classement sauf en ce qui concerne la conduite automobile où le risque est doublé.

Dépistage
Le dépistage urinaire des drogues ou de leurs métabolites à l’exception notable de l’alcool dont la teneur est mesurée dans le sang (alcoolémie) ou l’air rejeté (éthylostest) est possible. Est-il souhaitable ?
Le dépistage urinaire des drogues est possible ; tous les test rapides de dépistage (méthodes immuno enzymatiques) ont effet été conçus pour l’urine. Des seuils de positivité ont été fixés pour les différents substances. Il est évident qu’une positivité à l’examen urinaire ne saurait à elle affirmer le diagnostic de toxicomanie. Ces tests, de procédure délicate et rigoureuse, demandent à être confirmés par des méthodes lourdes et longues, faisant appel à la chromatographie en phase gazeuse et à la spectrométrie de masse. Enfin, un délicat dilemne existe entre prise thérapeutique ou a visée toxicomaniaque pour les opiacés.
Ces tests sont-ils souhaitables ? C’est l’objet d’un riche débat éthique d’où il ressort que leur systématisation n’est en rien fondée. Leur pratique, rigoureusement encadrée, pourrait intéresser la surveillance des travailleurs dans certains postes de sécurité ou dans le cadre de la circulation routière. Bien évidemment, ces tests sont licites en pratique judiciaire. Ils sont utiles enfin dans le cadre de tout le projet thérapeutique où le processus de rechute et évalué.

Rédacteur : Docteur Favre-Trosson, mise à jour juin 2008.
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