Goût

Le Goût au théâtre

Du latin gustus

Discernement ; penchant, sentiment exquis des beautés et des défauts. Le goût peut se corrompre ; mais les sciences acquises restent intactes et marchent toujours vers leurs perfectionnement ; l’imprimerie les empêche de rétrograder. Notre âme goûte trois sortes de plaisirs : ceux qu’elle tire du fond de son existence même ; ceux qui résultent de son union avec le corps ; enfin ceux qui sont fondés sur les plis que certaines institutions, certains usages lui ont prendre. Ces différentes plaisirs de notre âme forment les objets du goût, comme le beau, le bon, l’agréable, le naïf, le délicat, le tendre, le gracieux, le je ne sais quoi, le noble, le grand, le sublime, le majestueux, etc. Par exemple, lorsque nous trouvons du plaisir à voir une chose avec une utilité pour nous, nous disons qu’elle est bonne. Lorsque nous trouvons du plaisir à la voir, sans que nous y démêlions une utilité présente, nous l’appelons belle. Les sources du bon, du beau, de l’agréable, etc., sont donc en nous-mêmes, et en chercher les raisons, c’est rechercher les causes des plaisirs de notre âme. L’abus du goût tue les arts ; le génie seul les vivifie. Il existe un mauvais goût, celui des demi-talents, le goût de ces artistes qui n’ont point assez de génie pour sentir et connaître les beautés véritables de leur art ; mais qui ont assez étudié pour arriver à quelques beautés, ou copier quelque grand acteur, et forment un mélange du bon, du beau, du maniéré, de la fadeur et de l’emphatique. Ce mauvais goût existe dans tous les arts ; au théâtre, dans la déclamation fastueuse, les gestes outrés, les costumes recherchés, les poses maniérées, etc., en littérature dans les pointes, les jeux de mots, l’emphatique, l’ampoulé, la sensibilité sentimentale, etc. ; en peinture, dans les grâces molles, efféminées, les poses forcées, les passions hors nature, etc. ; enfin ce mauvais goût dans les arts est l’assemblage de choses brillantes qui, prises à part, sont jolies et plaisent, mais qui, par leur emploi, ne servent qu’à remplacer les véritables beautés.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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