Le toucher et le piano. Le toucher des philosophes. Chronique d’un professeur de piano N°16

Le toucher des philosophes

Le terme « toucher » peut prendre un sens plus large
Ainsi, dans son livre Le toucher des philosophes, François Noudelmann [1] écrit : « Le toucher pianistique permet de comprendre comment l’audition passe par la musculature et l’articulation des doigts […]. En touchant le clavier, l’interprète est touché à son tour, pas par un autre corps, mais par une sonorité qui l’envahit […]. Le pianiste est touchant, et touché selon une confusion subtile entre le toucher tactile et le toucher émotif qui autorise à dire qu’on est touché par le piano ».
Le philosophe Noudelmann a écrit un essai sur les conséquences de la pratique du piano dans la vie de Sartre, Nietzsche et Barthes. C’est dans ce sens qu’il prend le mot « toucher ».

Nietzsche, Sartre, Barthes

L’idée lui est venue en visionnant une séquence filmée où Jean-Paul Sartre déchiffre Chopin et Debussy au piano. Cela lui fit entendre une « autre voix de Sartre », qui lui révéla que « il se dit tant de choses dans la manière de jouer un morceau, l’approche d’un instrument, la façon de tenir ses doigts, de bouger le corps ». Tout l’être se dévoile dans la position du corps devant l’instrument.

Roland Barthes a distingué le fait d’écrire la musique et de la jouer. Selon lui, « faire, jouer de la musique engage le corps dans une posture, et une temporalité complexe […]. Décider de vivre en musique engage le corps amoureux ».
Nietzsche suggérait d’utiliser son diapason (le piano) comme table d’évaluation de ses idées (c’est-à-dire que le piano sera le reflet de ses états d’âme). Le piano restera son exutoire, même dans ses moments les plus torturés.
François Noudelmann conclut : « Le jeu musical transporte une gamme d’affects qui se prolongent dans la vie sociale et intellectuelle de sorte que la pratique du piano ne laisse pas intact le reste des jours. Doigtés, allures, sensualités, tout se livre sur la touche ».

Toucher le piano est donc plutôt présenté dans le sens de « jouer le piano », activité qui selon lui a un retentissement sur le quotidien et la vie en général. « Le piano engage une disposition singulière à l’égard du monde, des générations, du contemporain ».
Il essaiera de distinguer ces trois mélomanes, mais pour chacun d’eux, jouer du piano permet d’ « inventer des modes de relation au temps, à la jouissance, à la volonté, à l’amitié : toutes choses philosophiques aux présences discrètes et actives ».

Imprimer

La main du pianiste

Anatomie fonctionnelle de la main du pianiste


La boutique

Livres

Prévention des pathologies des musiciens
Prévention des pathologies des musiciens
29,50 € Accéder à la boutique

Revue Santé du pianiste N°73

Santé du pianiste


Revue spécial Santé du pianiste N°48

Santé du pianiste N°48


Association

Faire un don
Adhérer