Votre goût pour la musique consonante n’est pas inné mais dépend de votre environnement culturel

Pas de préférence musicale pour les Tsinamé

universalité du goût musical

Pour tester son hypothèse, Josh McDermott s'appuie sur une large expérience menée dans différentes contrées, d'une part des milieux urbains aux Etats-Unis avec un groupe d'étudiants en musique et un groupe de non-musiciens, puis deux autres groupes concernant des populations urbaines boliviennes et un dernier groupe recruté parmi une population "vierge" de notre culture occidentale au fin fond de l'Amazonie, accessibles uniquement en pirogue, les Tsimané. Les Tsinamé ont de plus la particularité d’avoir leur propre musique basée sur la monophonie.

Le goût musical, inné ou acquis ?

L’ensemble de ces groupes ont été exposés à des sons musicaux, certains consonants supposés agréables et d’autres dissonants. Si les étudiants en musique sont les plus susceptibles à estimer les sons consonants comme « agréables » et dissonants comme « désagréables », les non-mélomanes l’étaient moins. Et si les deux groupes citadins boliviens montraient également leur préférence pour les sons consonants, ils étaient moins susceptibles de le faire que les groupes américains plus imprégnés de la culture musicale occidentale.
Les Tsinamé étaient capables de différencier les sons consonants des sons dissonants, mais ne montraient pas de préférence particulière selon ces caractéristiques occidentales de la musique.

La préférence pour la consonance sur la dissonance varie en fonction du degré d’exposition à la musique occidentale, précise McDermott. Cette préférence pour McDermott n’a rien de biologique et n’a donc pas de caractère universel.

McDermott concède qu'il est possible que les individus naissent avec une préférence pour la consonance, qui disparaît ensuite ou ne se manifeste pas. « Nous ne pouvons pas l’exclure, dit-il. Cependant, nos résultats montrent que la présence de cette préférence se fonde sur l'exposition à la musique auquel l’individu est soumis. »

« Le débat inné contre acquis est toujours perdu d’avance », précise Dala Purves, neurobiologiste à l'Université Duke à Durham (Caroline du Sud), « c’est presque toujours une combinaison des deux ».

Ces résultats soulignent vraiment le degré de variation qui existe entre les cultures concernant la manière dont les gens entendent et évaluent la musique », déclare McDermott.
Cette variation est « masquée » par l’omniprésence de la musique occidentale, désormais tout le monde a accès à cette musique via internet qui accorde à la dissonance ce caractère désagréable. Pendant ce temps, les cultures comme les Tsimané disparaissent et de telles expériences ne pourront plus être menées. Le temps presse pour étudier la musique « non occidentale » si l’on veut mieux comprendre les préférences musicales.

Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Source

Josh H. McDermott, Alan F. Schultz, Eduardo A. Undurraga, Ricardo A. Godoy Indifference to dissonance in native Amazonians reveals cultural variation in music perception. Nature 13 July 2016


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