Pathétique

Pathétique en musique

Genre de musique dramatique et théâtrale qui tend à peindre les grandes passions, et particulièrement la douleur et la tristesse.
Pathétique
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

 adj.
Genre de musique dramatique et théâtrale, qui tend à peindre et à émouvoir les grandes passions, et plus particulièrement la douleur et la tristesse. Toute l’expression de la musique française, dans le genre pathétique, consiste dans les sons traînés, renforcés, glapissants, et dans une telle lenteur de mouvement que tout sentiment de la mesure y soit effacé. De là vient que les Français croient que tout ce qui est pathétique doit être lent : ils ont même des airs qui deviennent gais et badins, ou tendres et pathétiques, selon qu’on les chante vite ou lentement ; tel est un air si connu dans tout Paris, auquel on donne le premier caractère, sur ces paroles. Il y a trente ans que mon cotillon traîne ; et le second sur celles-ci, Quoi ! vous partez sans que rien vous arrête ! etc. C’est l’avantage de la mélodie française ; elle sert à tout ce qu’on veut : Fiet avis, et, cum, colet, arbor.
Mais la musique italienne n’a pas le même avantage ; chaque chant, chaque mélodie a son caractère propre qu’il est impossible de l’en dépouiller ; son pathétique d’accent et de mélodie se fait sentir en toute sorte de mesure, et même dans les mouvements les plus vifs. Les airs français changent de caractère selon qu’on presse ou qu’on ralentit le mouvement : chaque air italien a son mouvement tellement déterminé, qu’on ne peut l’altérer sans anéantir la mélodie : l’air ainsi défiguré ne change pas son caractère, il le perd ; ce n’est plus du chant, ce n’est rien.
Si le caractère du pathétique n’est pas dans le mouvement, on ne peut pas dire non plus qu’il soit dans le genre, ni dans le mode, ni dans l’harmonie, puisqu’il y a des morceaux également pathétiques dans les trois genres, dans les deux modes, et dans toutes les harmonies imaginables. Le vrai pathétique est dans l’accent passionné, qui ne se détermine point par les règles, mais que le génie trouve et que le coeur sent, sans que l’art puisse en aucune manière en donner la loi.

Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau, 1767


 

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