La Joconde, les secrets démasqués

La technique du Sfumato de Léonard de Vinci

La peinture de Léonard de Vinci interroge tout autant l’observateur par les émotions qui s’en dégage, que le scientifique par les techniques utilisées pour obtenir les effets vaporeux qui estompent les contours, adoucit les transitions et fond les ombres comme un fumeux. Cette technique utilisée par L de Vinci a été nommé sfumato pour ces particularités.

Des recherches avaient déjà été engagé sur ce procédé, mais il restait à mieux saisir le procédé et à caractériser notamment la manière dont été réalisé les dégradés.
Pour la première fois, l’équipe de Philippe Walter [1] du LC2RMF (CNRS/Ministère de la culture et de la communication), en collaboration avec l’ESRF de Grenoble et le musée du Louvre, apporte de nouveaux éléments de compréhension de la technique du sfumato grâce à une étude chimique quantitative des couches de peinture.
Sept tableaux attribués à Léonard de Vinci ont été analysés :

  •   L’Annonciation,
  •   La Vierge aux rochers,
  •   La Belle Ferronnière,
  •   Saint Anne,
  •   la Vierge et l’Enfant,
  •   La Joconde,
  •   Saint Jean-Baptiste,Bacchus

Les visages sont emblématiques du rendu pictural du sfumato, les chercheurs ont donc pris comme objet d’étude les visages. Ils ont soumis les 9 visages la spectrométrie de fluorescence des rayons X pour déterminer la composition et l’épaisseur de chaque couche de matière.

Les chercheurs ont ainsi mis en évidence plusieurs recettes employées par l’artiste pour réaliser les ombres sur les visages. Ces recettes sont caractérisées à la fois par une technique (emploi de couches de glacis ou d’une peinture très fine) et par la nature des pigments ou des additifs. Dans le cas des glacis, des couches fines de 1 à 2 micromètres ont été minutieusement appliquées pour atteindre une épaisseur totale ne dépassant pas 30 à 40 micromètres. L’ensemble des données obtenues lève un voile sur les recherches constantes de Léonard de Vinci dans le rendu du vivant de ses œuvres d’art.
D’après le communiqué de presse du CNRS, 15 juillet 2010.

Bibliographie

Revealing the sfumato technique of Leonardo da Vinci by X-ray Fluorescence Spectroscopy Laurence de Viguerie, Philippe Walter, Eric Laval, Bruno Mottin, V. Armando Solé Angewandte Chemie International Edition, 2010, 49.
[1] Philippe Walter, directeur de recherche au CNRS, directeur du LC2RMF et co-auteur de cette publication, a reçu le 10 mai dernier le prix franco-américain Franklin-Lavoisier 2010 pour ses avancées dans le domaine de l’étude, de la restauration et de la préservation d’oeuvres d’art anciennes grâce, notamment, à la mise en oeuvre de sciences et techniques analytiques de pointe.
Photos © C2RMF © V.A. Solé/ESRF


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer