Vielle

Vielle, syphonie, cifonie et cyfoine

C’est un instrument fort ancien ; cependant nous ne croyons pas que ce fut aux sons de la vielle que tombèrent les murs de Jéricho ; nous doutons également que la vielle fut l’instrument dont se servait Amphion ; nous nous permettons de chicaner Jean de Meung, quand il dit dans son Roman de la Rose, en parlant d’Orphée, qu’il faisait après soi aller les bois par son beau VIELLER. Nous suspectons même Alexandre de Bernai, dit de Paris, qui vivait sous Philippe-Auguste, et, qui, dans son roman d’Alexandre le Grand, faisant la description d’un palais occupé par son héros, parle de deux statues, dont une représentait un joueur de vielle :
« L’un tient une vielle,l’arcon fu de saphir ;
« Li autre une harpe ; moult fut bonne à oïr.

La vielle est un instrument trop compliqué pour qu’il n’ait pas subi bien des perfectionnements ; enlevons-lui ses différentes parties, et nous la réduisons à un corps concave armé d’un manche, sur lequel des cordes sont tendues. Retrouvons-nous chez les anciens quelque chose de semblable ? Oui, le canon ou le chelys, monocorde que l’on voit figurer sur une foule de monuments de la plus haute antiquité ; le chelys antique est donc la souche de la cythare ou la guitare, de la rubeblée, de la vielle, et l’on voit que le chelys est le père de tous les instruments de musique à corps concave et à manche, soit qu’on mette leurs cordes en vibration en les frappant en les pinçant ou en les frottant.

De quelque manière que la vielle se soit formée par degrés, il paraîtrait, selon M. Burette, membre de l’Académie des belles-lettres, dans le tome 8 du recueil des Mémoires, que les anciens ont connu la vielle ; car il dit que « les anciens avoient sur quelques instruments une espèce de bourdon qui soutenoit le chant en faisant sonner l’octave quinte, bourdon où se trouvoit aussi la quarte, par la situation de la corde du milieu. » Puis il ajoute : « Les anciens, à la vérité, ne nous ont rien laissé par écrit, touchant ces sortes de bourdons ; mais nos vielles et nos musettes, qui, vraisemblablement nous viennent d’eux, suffisent pour appuyer une telle conjecture. » Si nous consultons le Dictionnaire de Furetière, à l’article Vielle, il est dit que les anciens la nommaient par excellence symphonie. La vielle était encore nommée, au treizième siècle, syphonie, cifonie et cyfoine, par corruption du nom primitif. Cet instrument s’appelait aussi sambuque.

L’exécution de la vielle était lente, d’où est venu le proverbe, long comme une vielle, long dans tout ce que l’on fait. On disait également pour désigner un homme dont l’humeur est aisée, accommodante, faisant tout ce que l’on désire : Il est du bois dont on fait les vielles, comme aujourd’hui, on dit : Il est du bois dont on fait des flûtes.
 

Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


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