Unité

Peinture

Nom féminin
La peinture est, plus incontestablement encore que le théâtre, soumise à la règle des trois unités d’action, de temps et de lieu, auxquelles il faut, pour elle, en ajouter une quatrième.
L’unité d’action ou de sujet, consiste dans la représentation d’un fait principal auquel tous les personnages de la composition participent de telle sorte, qu’alors même qu’ils fixent chacun séparément, l’attention du spectateur, celui-ci ne saurait se rendre raison du caractère particulier et de l’action d’aucun d’eux, qu’en en cherchant le motif dans sa participation à ce fait principal, et sans être, par cette recherche, ramené au développement et à l’explication du sujet du tableau.
La règle de l’unité de temps est surtout rigoureuse pour le peintre qui, dans l’action même la plus compliquée, n’a à saisir et à représente qu’un seul instant, l’instant présent, si rapide !
Seulement, il peut quelquefois, à l’aide des épisodes et des accessoires, rappeler ce qui s’est passé le moment d’avant, faire pressentir ce qui va se faire le moment d’après, mais sans jamais représenter en effet ce qui n’est plus, ou ce qui n’est pas encore, relativement au sujet actuel du tableau. Les licences du genre romantique elles-mêmes ne vont pas jusqu’à ramener le temps où un peintre représentait sur une même toile toutes les circonstances de la vie d’un personnage, comme, par exemple, l’histoire de Joseph depuis son enfance jusqu’à sa mort dans la terre d’Egypte, ou seulement tous les événements, comme on voit dans quelques tableaux des premiers temps de la Renaissance, les diverses circonstances de la Passion.
Il semble que les limites du cadre du tableau et l’instantanéité de l’action dussent être, pour la peinture, une garantie suffisante de l’unité du lieu, sans qu’il fût besoin d’autre avertissement sur cette troisième unité ; il n’en est rien cependant qui, sans nulle difficulté, faisaient passer le spectateur de la vallée d’Hébron dans les palais de Memphis, ou l’envoyaient du tribunal de Caïphe à celui de Pilate ; certains peintres se sont quelquefois laissés aller à enfreindre la règle d’unité de lieu. Citons, pour exemple fameux, le Brutus de David, dans lequel il a partagé en deux chambres contiguës la scène de son tableau, résultent un beau développement du sujet et une situation infiniment pathétique, on peut remarquer que l’effet en est désagréable.
La quatrième unité voulue pour la peinture, est l’unité d’objet, laquelle résulte de la suite et du mouvement de la ligne de composition, du balancement et de l’arrangement des masses subordonnées les unes aux autres, de la marche de la lumière et de la combinaison des couleurs, tout cela tellement conçu et disposé, que la vue, sur quelque point qu’elle se porte, soit machinalement conduite vers un point principal, d’où, sans peine, elle embrasse simultanément l’ensemble du tableau, et en est agréablement affectée, quel que soit le mérite du sujet et de la composition : un paysage vague, dénué de personnages et où ne se manifeste aucune intention poétique, un tableau de fleurs, le tableau de nature-morte le plus insignifiant, sont susceptibles de cette espèce d’unité.
Ces tableaux la requièrent plus rigoureusement même que le tableau d’histoire, dont la vue parcourt l’étendue à la suite en quelque sorte, de la pensée, indépendamment de ses penchants naturels. Toutefois, l’unité d’objet, résultant des moyens que nous venons de dire, concourt puissamment aussi à l’effet du tableau d’histoire.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


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