Travail

Travail et théâtre

Du latin travaglio, peine

Etude. Il ne suffit pas, pour qu’un comédien soit achevé, que la nature lui ait donné les moyens de réussir, il faut encore que le travail, c’est-à-dire l’étude et l’application, viennent les diriger et faire disparaître les imperfections dont l’être même le plus heureusement doué n’est jamais exempt… Il faut souvent se mettre devant les yeux l’ardeur infatigable avec laquelle travaillaient Démosthènes et Ciceron ; ils étaient convaincus que sans une application opiniâtre, on ne pouvait rien faire de grand ; ils se donnaient tout entiers au travail. Le génie, c’est la patience ; Newton et Buffon l’ont dit. Patience pour chercher son objet ; patience pour résister à tout ce qui s’en écarte ; patience pour souffrir tout ce qui accablerait un homme ordinaire.

Avec le cœur le plus sensible, l’organe le plus heureux, l’intelligence la plus prompte, il faut encore que comédien fasse des efforts incroyables, par exceller, pour saisir ces nuances imperceptibles, ces bienséances théâtrales, ces mystères de l’art qui échappent à un travail superficiel et ne sont que le fruit tardif de la réflexion.

Saint Thomas d’Aquin avait dans sa jeunesse la mémoire si dure et si ingrate, que ne pouvant rien apprendre ni retenir, il se désespérait, lorsqu’un jour de pluie, étant à sa fenêtre, il aperçut au bas une grande pierre que des gouttes d’eau tombante avaient creusé par le laps du temps.

Cet exemple, lui fournissant une comparaison, servit à ranimer son courage abattu, et ayant redoublé d’étude et d’application, il sut enfin triompher de sa mauvaise mémoire. Ayez une haute idée de vos facultés, et travaillez, vous les triplerez. Il ne faut ni courir ni s’appesantir sur les sujets ; ce sont deux excès : le premier rend vague, mobile, superficiel ; l’autre étroit, monotone, ennuyeux.

Il faut passer et repasser à plusieurs reprises sur sa matière, en faisant de petites pauses sur chaque partie. Pour donner une grande action au cerveau, il faut marcher, manger et dormir peu. Pour la ralentir, il faut multiplier et faire durer toutes ces fonctions animales.

La force et la netteté du jugement sont proportionnelles au degré de pureté d’air et à la quantité qu’on en respire, dans un temps donné, sans excès toutefois. Si l’on veut délasser l’organe de l’invention en conservant cette chaleur et ce moment rapide, sans lesquels l’imagination n’a ni mouvement rapide, sans lesquels l’imagination n’a ni mouvement ni force, il faut promener la pensée sur des sujets faciles, plaisants, légers, puis revenir au genre sérieux et difficile. Les idées abordent les premières celui qui se promène le long d’elles sans les chercher ; mais elles fuient celui qui les poursuit avec trop d’âpreté.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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