Temporal. Anatomie artistique. Leçon 11

Le rocher (portion pétro-tympanique)

C’est vraisemblablement la partie la plus complexe de l’os temporal du fait des importantes cavités qu’il renferme et des nombreux canaux qui le traversent.

Coupe vertico-longitudinale du temporal, cavité de l’oreille moyenne
1. Cellules mastoïdiennes ; 2. S. mastoïdien du cranal facial ; 3. Antre mastoïdienne ;
4. Aditus ad antrum ; 5. Cavum tympanique ; 6. Trompe auditive ;
8. Demi-gouttière tubaire ; 9. Face inférieure du rocher ;
10. Canal carotidien ; 11. Trou stylo-mastoïdien.

La partie pétro-tympanique du temporal, nommée aussi rocher, a une forme de pyramide triangulaire dont l’axe oblique se porte obliquement de dehors en dedans et d’arrière en avant. Selon cette pyramide triangulaire, on peut le décrire selon quatre faces, quatre bords, une base et un sommet. Ces quatre faces se distinguent selon leur orientation en faces antéro-supérieure, postéro-supérieure qui sont endocrâniennes, et en faces antéro-inférieure et postéro-inférieur qui sont exocrâniennes.

Face antéro-supérieure

Cette face regarde en avant et en haut, plus particulièrement en haut. Elle répond au cerveau, d’où le nom de face cérébrale que lui donnent certains auteurs.

On voit sur cette surface :

  • 1° à l’union de son tiers postérieur avec ses deux tiers antérieurs, un relief très marqué surtout chez le jeune sujet, déterminé par le canal semi-circulaire supérieur appelé eminentia arcuata ;
  • 2° en avant de l’eminentia arcuata, à la partie moyenne de l’os, un orifice allongé, l’hiatus de Fallope, qui communique avec l’aqueduc du même nom. En dehors de lui, un ou deux autres petits orifices, les hiatus accessoires. De l’hyatus de Fallope et des hyatus accessoires partent deux gouttières parallèles, qui se dirigent obliquement en avant, en dedans et un peu en bas. Dans l’hyatus de Fallope, dans ses trous accessoires et les deux gouttières qui leur font suite passent les nerfs pétreux superficiels et profonds.
  • 3° en avant de l’hiatus de Fallope et près du sommet du rocher, une excavation, la fossette (fossette du ganglion de Gasser) dans laquelle repose le ganglion de Gasser. Le bord postérieur de la fossette du ganglion de Gasser fait parfois une saillie notable connue sous le nom de tubercule rétro-gassérien (Princeteau) ; ce tubercule résulte de l’ossification de la dure-mère correspondante.
  • 4° Enfin, le tegmen tympani. Le tegmen tympani est cette partie de la face antéro-supérieure du rocher située en avant et en dehors de l’eminentia arcuata ; à ce niveau, la paroi osseuse est mince et forme la paroi supérieure de la cavité tympanique. Le tegmen tympani est parcouru d’avant en arrière par la scissure pétro-squameuse supérieure.

Face postéro-supérieure

Face endocrânienne du temporal
1. Eminentia arcuata ; 2. Inci. pariét. ; 3. Goutt. du sin. pétr. sup. ;
4. Goutt. du sinus lat. ; 5. Canal mast. ;
6. Aqueduc du vestib. ; 7. Ap. styloïde ;
8. Cond. aud. int. ; 9. Fossa subarcuala ; 10. Écaille.

Elle regarde presque directement en arrière : sur elle repose le cervelet et une partie de l’isthme de l’encéphale.
Cette face présente :

  • 1° un peu en avant de sa partie moyenne, le large orifice à contour arrondi ou plutôt ovalaire : c’est le trou auditif interne. Le canal qui lui fait suite est le conduit auditif interne dans lequel passent les nerfs auditifs, facial et intermédiaire de Wrisberg. Ce canal mesure environ 1 centimètre de longueur et se termine par quatre fossettes.
  • 2° à 5 à 6 millimètres au-dessus et en avant du conduit auditif interne et très près du bord supérieur du rocher, une fente étroite, entourée le plus souvent par des parties irrégulières et plus ou moins rugueuses : c’est le reste d’une excavation profonde, la fossa subarcuata qui existe sur le temporal du nouveau-né. La fossa subarcuata s’atténue peu à peu au fur et à mesure que le sujet avance en âge et n’est plus représentée chez l’adulte que par une simple fente. C’est dans le fond de cette fente qui se trouve l’orifice antérieur du canal pétro-mastoïdien ;
  • 3° à 1 centimètre environ en arrière de l’orifice du conduit auditif, une nouvelle dépression, la fossette unguéale ; à la partie supérieure de cette fosse se trouve une fente fort étroite, obliquement dirigée de haut en bas et de dehors en dedans ; c’est l’orifice postérieur d’un canal, comme lui fort étroit, connu sous le nom d’aqueduc du vestibule.

Face antéro-inférieure

  •  La face antéro-inférieure est représentée dans ses deux tiers postéro-externes par une lame osseuse, mince, concave et lisse, qui appartient embryologiquement à l’os tympanal et constitue la paroi antérieure du conduit auditif externe. Elle forme en même temps la partie de la cavité glénoïde non articulaire, située en arrière de la scissure de Glaser. Cette lame osseuse émet un prolongement inférieur qui forme une demi-gaine à la base de l’apophyse styloïde, qui est appelé pour cette raison apophyse vaginale.
  •   En dedans et en avant de la cavité glénoïde, la face antéro-inférieure est constituée par l’apophyse tubaire de l’os tympanal qui contribue à former la portion osseuse de la trompe. En avant de l’extrémité antéro-interne de l’apophyse tubaire, dans l’angle formé par l’écaille et le bord antérieur du rocher, s’ouvrent deux canaux superposés : en haut, le canal du muscle du marteau ; en bas, le canal osseux de la trompe. En avant et en dedans de ces deux orifices, la face antéro-inférieure du rocher est creusée en gouttière et forme, par sa réunion avec la grande aile du sphénoïde, une gouttière plus large, sphéno-pétreuse ou tubaire qui répond à la trompe d’Eustache.

Face postéro-inférieure

Elle est toute entière en rapport avec la surface extérieure de la base du crâne : c’est de toutes les faces du rocher, sinon la plus étendue, du moins la plus complexe et la plus riche en détails.
Cette face présente :

  • 1° en arrière, une longue apophyse en forme d’aiguilles qui se dirige obliquement en bas et en avant c’est l’apophyse styloïde soudée au rocher, mais indépendante de lui embryologiquement, car elle appartient à l’appareil hyoïdien ; elle donne insertion aux éléments du bouquet de Riolan (ligaments stylo-maxillaire et stylo-hyoïdien, muscles stylo-pharyngien, stylo-hyoïdien et stylo-glosse) ;
  •   2° en arrière de l’apophyse styloïde, entre elle et l’apophyse mastoïde, se trouve une fossette peu profonde au fond de laquelle s’ouvre le trou mastoïdien, ou orifice inférieur de l’aqueduc de Fallope, qui livre passage à l’artère stylo-mastoïdienne et au nerf facial ;
  •   3° en arrière et en dedans du trou stylo-mastoïdien, une surface rugueuse, la facette jugulaire du temporal ; elle s’articule avec l’apophyse styloïde, une excavation lisse, la fosse jugulaire ; elle s’articule avec l’apophyse jugulaire de l’occipital ;
  •   4° en avant de la facette jugulaire et en dedans de l’apophyse styloïde, une excavation lisse et profonde, la fosse jugulaire ; celle-ci répond au golfe de la jugulaire interne ; sur sa paroi externe, on voit l’orifice interne, l’ostium introitus, d’un petit canal qui livre passage au rameau auriculaire du pneumogastrique ; il est souvent précédé, sur la paroi antéro-externe de la fosse jugulaire, d’un fin sillon horizontal demi-circulaire ;
  •   5° en avant de la fosse jugulaire, l’orifice inférieur du canal carotidien ;
  •   6° l’orifice inférieur du canal carotidien et la fosse jugulaire sont séparés l’un de l’autre par une crête osseuse, ordinairement très mince, parfois plus ou moins tranchante. Sur le sommet de cette crête ou sur son versant externe, existe un petit trou : c’est l’orifice inférieur du canal de Jacobson ou canal tympanique ; il donne passage au nerf de Jacobson ; cet orifice est relié à la fossette pétreuse que nous décrirons sur le bord postérieur du rocher, par un étroit sillon dans lequel chemine le nerf Jacobson avant de pénétrer dans le canal tympanique ;
  •   7° enfin, en avant du canal carotidien, une surface rugueuse qui s’étend jusqu’au sommet du rocher ; elle répond à l’extrémité supérieure de la paroi latérale du pharynx et donne attache, le long de la gouttière tubaire, au muscle péristaphylin interne.

Bords

on les distingue en :

Bord supérieur
Ce bord est le plus long des trois, se dirige obliquement, comme le rocher lui-même, de dehors en dedans et d’arrière en avant. Il est parcouru dans la plus grande partie de son étendue par une gouttière peu profonde dans laquelle chemine du sinus pétreux supérieur. Il est creusé en avant et en regard de la fossette du ganglion de Gasser, à un centimètre environ du sommet du rocher, d’une large échancrure en rapport avec le nerf trijumeau. En avant d’elle, très près du sommet du rocher, on trouve parfois une petite encoche qui répond au nerf oculaire externe. L’extrémité postérieure du bord supérieur se continue en arrière avec la lèvre supérieure de la gouttière du sinus latéral.

Bord antérieur
Le bord antérieur présente en arrière la scissure de Glaser, par laquelle la portion pétro-tympanique du temporal s’unit à l’écaille. Plus en avant, la scissure est dédoublée par le prolongement inférieur du tegmen tympani ou crête inter-tympano-squameuse en une scissure pétro-squameuse inférieure et une scissure pétro-tympanique. En avant, enfin, le bord est séparé de l’écaille par un angle rentrant dans lequel pénètre l’extrémité postérieure de la grande aile du sphénoïde. Celle-ci s’articule avec le bord antérieur du rocher, sauf cependant près de son extrémité antérieure, où les deux os sont séparés par un espace de dimensions variables, le trou déchiré antérieur.

Bord postérieur
Successivement de dehors en dedans :

  •   1. Le bord postérieur présente en arrière la facette jugulaire déjà signalée à propos de la face postéro-inférieure du rocher.
  •   2. En avant de la facette jugulaire on voit une large échancrure qui limite avec la partie correspondante de l’occipital le trou déchiré postérieur. Cette échancrure est divisée par une saillie aiguë, l’épine jugulaire du temporal, en deux segments : l’un, postérieur, veineux, qui répond au golfe de la veine jugulaire interne ; l’autre, antérieur, nerveux, en rapport avec les nerfs spinal, pneumogastrique et glosso-pharyngien. Sur ce dernier segment se trouve une petite excavation en forme de pyramide triangulaire appelée fossette pétreuse, qui loge le ganglion d’Andersch.
  •   3. Au sommet de la fossette, on voit l’orifice inférieur de l’aqueduc du limaçon.
  • En avant du trou déchiré postérieur, le bord postérieur du rocher répond au bord inférieur de l’occipital. Il s’articule avec ce dernier os par ses parties interne et externe. Il est longé en haut, c’est-à-dire du côté endocrânien, par une gouttière généralement peu nette, en rapport avec le sinus pétreux inférieur ; en bas, sur la face exocrânienne, par une autre gouttière en connexion avec le sinus pétro-occipital.

Bord inférieur
Le bord inférieur toujours très marqué, est formé par une crête tranchante qui porte le nom de crête pétreuse. Cette crête commence, en dehors, à la partie antérieure de l’apophyse mastoïde et, de là, se dirige en avant et en dedans. A 1 cm environ de son origine, elle passe au-devant de l’apophyse vaginale. Plus loin, elle forme successivement la paroi antérieure de la fosse jugulaire et du canal carotidien et disparaît ensuite dans le quart interne de l’os : sur ce point, qui répond à la trompe d’Eustache, les deux faces antéro-supérieure et antéro-inférieure du rocher ne sont plus séparées que par un bord mince, assez souvent peu marqué.

Face supérieure du temporal
1. Processus zygomatique ; 2. Tubercule mandibulaire ;
3. Fosse temporale ; 4. Face infra-temporale ; 5. Fiss. tympano-squameuse (Glaser) ;
6. Fiss. petro-squameuse ; 7. Fiss. petro-tympanique ;
8. Conduit et gouttière tubaire ; 9. Face inférieur du rocher ;
10. orif. infér. du canal carotidien ; 11. Canalicule tympanique ; 12. Fosette "pétreuse" ;
13. Fosse jugulaire et canalicule mastoïdien ; 14. Incisure mastoïdienne ;
15. Éminence juxta-mastoïdienne ; 16. Proces. styloïde et foramen stylo-mastoïdien ;
17. Proces. mastoïdien ; 18. M.A.E ; 19. Partie tympanique ;
20. Tubercule zygomatique postérieur ; 21. Fosse mandibulaire ou glénoïde ;
22. Tubercule zygomatique antérieur.

Base

La base de la portion pétro-tympanique du temporal se confond dans presque toute son étendue avec la région mastoïdienne. Elle n’est représentée sur la surface exocrânienne de l’os que par l’orifice du conduit auditif externe situé entre la portion mastoïdienne qui est en arrière et la portion écailleuse qui est au-dessus.
Cet orifice est elliptique et son grand axe est dirigé de haut en bas et un peu d’avant en arrière. Il est formé par l’écaille en haut, par l’os tympanal en avant, en bas en arrière. La partie squameuse est lisse. La partie d’origine tympanique, rugueuse, donne attache au fibro-cartilage du conduit auditif.

Sommet

Il est tronqué, très inégal, et présente l’orifice antérieur du canal carotidien. Il répond à l’angle compris, en arrière, entre le corps et la grande aile du sphénoïde.
Entre le sommet du rocher d’une part, la grand aile du sphénoïde et la partie attenante du corps de cet os, d’autre part, se trouve un orifice dont les bords sont déchiquetés ; c’est le trou déchiré antérieur. La lingula de la grande aile du sphénoïde divise cet orifice en deux parties ; l’une interne, est occupée par la carotide interne au moment où elle pénètre dans le sinus caverneux ; l’autre, externe, est comblée, sur le crâne frais par du tissu fibreux que traversent les grands nerfs pétreux superficiel et profond.


 

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