Répétition

Répétition au théâtre

Du latin repetitio

1° Représentation d’une pièce ancienne ou nouvelle, sans public, ou devant l’auteur seulement ;
2° partie de la représentation à huis clos d’une pièce déjà jouée.

Nous l’avons dit ailleurs, il serait nécessaire de répéter comme si l’on représentait ; cette règle est souvent méconnue des comédiens, qui ne l’observent guère qu’aux dernières répétitions des pièces nouvelles. Les répétitions sont  ordinairement décousues et lâches ; elles sont souvent l’occasion de causeries très étrangères à l’art théâtral. Rien n’est si fort que l’habitude : une jeune actrice jouant dans un opéra-comique, s’amusait, en répétant, d’ajouter des variantes à un couplet finissant ainsi :

… Un peu plus tard,
Si ma mère n’était venue,
J’étais… j’étais perdue.

Cette actrice changeait ordinairement ce dernier mot en un plus énergique et finissant par la même rime, et elle eut le malheur de le dire à la représentation. On peut juger de l’effet que cela produisit dans la salle.

On ne devrait rien rabattre de ses moyens aux répétitions, excepté pour celles qui ont lieu le jour de la représentation même. Les comédiens ont aussi l’habitude de faire les premières répétitions les rôles à la main. C’est une mauvaise coutume ; il ne faut répéter que lorsqu’on est en état de bien répéter.

Répétition de mots importants dans la même tirade ou dans la même phrase.

Lorsque l’on prononce deux fois le même mot, ou qu’on repère un membre de phrase, surtout par ironie, on doit graduer l’énergie de l’expression. Un des exemples les plus frappants de ce principe, se trouve dans les imprécations de Camille (dans les Horaces), lorsqu’elle prononce, devant son frère, les quatre vers suivants :

Rome, l’unique objet de mon ressentiment ;
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant ;
Rome, qui t’a vu naître et que mon cœur abhorre ;
Rome, enfin, que je haïs, parce qu’elle t’honore.

Ces imprécations sont une de celles les plus terribles au théâtre. C’est surtout dans des cas semblables à celui que nous citons, que les acteurs doivent ménager leurs moyens en commençant.

Rien n’est plus difficile que de juger une pièce de théâtre à la répétition. Les parties qui paraissent les meilleures manquent parfois leur effet sur le vrai public. Les passages auxquels on n’avait pas fait attention,  ressortent de l’ombre, et n’obtiennent un grand succès. Enfin, telle pièce qui ne réussit pas, fera fureur à la reprise. Le public est si capricieux.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866

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