Noeuds

terme de théâtre

Dans l’action théâtrale, le nœud est produit par un fait important, un événement imprévu, qui survenant tout à coup, surprend le spectateur, excite son intérêt et son attention, et lui donne le désir de voir son dénouement. La pièce, en effet, est nouée par cet événement, et elle se dénoue par l’incident final.
Un des grands secrets pour piquer la curiosité, dit Chamfort, c’est de rendre l’événement incertain. Il faut pour cela que le nœud soit tel qu’on ait de la peine à en prévoir le dénouement, et que le dénouement soit douteux jusqu’à la fin et, s’il se peut, jusques dans la dernière scène… Tout ce qui serre le nœud davantage, tout ce qui le rend plus malaisé à dénouer, ne peut manquer de faire un bel effet. Il faudrait même, s’il se pouvait, faire craindre au spectateur que le nœud ne se pût pas dénouer heureusement. La curiosité, une fois excitée, n’aime pas languir ; il faut lui promettre sans cesse de la satisfaire jusqu’au terme que l’on s’est proposé : il faut approcher toujours le spectateur de la conclusion, et la lui cacher toujours ; qu’il ne sache pas où il va, s’il est possible, mais qu’il sache bien qu’il avance. Le sujet doit marcher avec vitesse ; une scène qui n’est pas un nouveau pas vers la fin est vicieuse. Tout est action sur le théâtre, et les plus beaux discours même y seraient insupportables si ce n’était que des discours…
Le nœud, on le comprend, dépend uniquement du choix et de l’imagination de l’auteur, qui n’a à prendre conseil que de son inspiration et de la nature du sujet traité par lui. Aucune règle, en dehors de celles qu’impose la vraisemblance, ne saurait être prescrite à cet égard.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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