Edith Piaf

Des amis fidèles

La tribu Piaf

Autour de Piaf, il n’y a pas que des amants, nombreux sont les amis, les amis d’amis, les gens de passage, les employés. Tous l’aident à lutter contre la solitude et se retrouvent pour manger, rire et chanter chez elle. Les frontières entre les différents types de relations sont poreuses. Charles Aznavour qui n’a pas été l’amant de Piaf définit très bien « l’amitié amoureuse » qui le liait à Edith. Parmi les fidèles moins connus, Jacques Bourgeat, un érudit familier de la Bibliothèque Nationale, son confident dès 1936, qui a donné à la BnF toutes les lettres reçues de sa « Piafou ». On compte aussi Danielle et Marc Bonel, son accordéoniste, ses appuis les plus fiables à partir des années 1950 et jusqu’à sa mort. Ils ont confié eux aussi à la BnF les précieux souvenirs qu’ils avaient gardés, dont la petite robe noire fétiche. Mon Dieu ! Mon Dieu ! La foi de l’enfance attache Édith Piaf à Sainte-Thérèse de Lisieux, à qui elle reste fidèle toute sa vie. Croix, médailles, statuettes l’accompagnent partout. Son entrée en scène est précédée d’un rituel et ses performances sur les planches tiennent souvent de la liturgie et de la prière. Ce comportement aura même ses dérives vers le spiritisme (tables tournantes pour entrer en communication avec l’au-delà, avec Marcel Cerdan), l’astrologie, la superstition, la chiromancie et l’adhésion au mouvement rosicrucien. Après sa mort, c’est la chanteuse elle-même qui deviendra pour le public une sainte auréolée de lumière, comme le montre un extrait filmé de la pièce de théâtre Savannah Bay de Marguerite Duras, projeté dans l’exposition. Piaf, phénomène et légende Les médias ont accompagné Edith Piaf dès le début de sa carrière et ont fortement contribué à faire de sa vie une légende. Disques, radio, télévision, presse, magazine, photographie, cinéma, théâtre se sont saisi de sa voix et de son visage pour en faire une icône, et le mythe perdure jusqu’à aujourd’hui. Une vedette du disque À l’époque des débuts de Piaf, les chansons étaient diffusées dans le public via des partitions imprimées, les « petits formats de chansons » vendus notamment au moment des prestations et qui permettaient à tout un chacun de se les approprier. Ceux-ci sont fortement concurrencés dès les années 1930 par le disque et la radio. La rencontre de Piaf avec l’un et l’autre est simultanée ; elle a lieu très tôt, à l’automne 1935, et doit beaucoup à Jacques Canetti. Quelques semaines après sa prestation au Gerny’s, la « Môme Piaf » - du nom qui lui a été donné par Louis Leplée, le gérant du cabaret, est invitée à chanter sur Radio-Cité, dont Jacques Canetti est le directeur artistique, puis elle enregistre son premier disque chez Polydor, où il est producteur. Pour la maison de disques, elle apparaît vite comme l’artiste à mettre en avant, ainsi qu’en témoignent catalogues et affiches. Elle est l’une des premières vedettes du disque, apprend à se servir du micro. Dans les cafés et les gares, l’autophone, ancêtre du juke-box, favorise la diffusion de ses chansons. Il en ira de même avec Columbia qui devient sa maison de disques en 1946, excepté un court passage chez Decca-Belgique en 1947 et 1948. Après sa mort, la diffusion des disques continue, y compris là où elle ne s’est pas produite de son vivant, dans les Pays de l’Est, en Asie… Puis avec l’avènement du CD, les coffrets se multiplient et plusieurs intégrales sont publiées.

À la conquête des médias Les ondes touchent aussi un large public. Édith Piaf participe à des émissions de la Radiodiffusion Française, la Radio-Luxembourg, la Radio suisse romande et la toute jeune Europe 1. Il s’agit aussi bien de retransmissions de concerts que d’émissions en studio où elle chante quelques titres. C’est au studio d’enregistrement de l’émission Music-hall de Paris qu’elle rencontre pour la première fois Charles Aznavour. Dans la continuité des émissions de variétés radiophoniques, Piaf participe dès les débuts de la télévision à des émissions comme Télé-Paris ou La Joie de vivre d’Henri Spade, parfois jugées de mauvais goût et peu légitimes par les milieux cultivés. Elle répondra aussi à de grands intervieweurs comme Pierre Desgraupes ou Pierre Tchernia. Lors de ses tournées aux États-Unis, Piaf est fréquemment sur le plateau de CBS, dans l’Ed Sullivan Show, et ce type d’émissions contribue à accroître sa célébrité, d’autant qu’à cette époque, radio comme télévision s’écoutent et se regardent collectivement aussi bien dans les cafés que chez soi avec la famille et les voisins. La presse enfin a accompagné la carrière de Piaf, qu’il s’agisse des centaines de chroniques qui ont rendu compte de ses prestations publiques ou cinématographiques, de la presse à sensation qui s’est faite l’écho plus ou moins fidèle de sa vie privée (Détective, France Dimanche, Ici Paris) ou de la presse magazine, la presse du cœur ou à grand tirage comme Paris Match. Peu à peu s’est construit un récit de sa vie en partie mythique, sans cesse amplifié par les nombreux sujets qui lui sont consacrés. L’image de la chanteuse a également attiré les photographes : les agences photos et les paparazzi l’ont captée dès l’affaire de l’assassinat de son protecteur, le patron de cabaret Louis Leplée, en 1936, et la poursuivront jusqu’à sa mort ; Piaf se prête au jeu de l’exhibition de sa vie privée et laisse même s’installer chez elle des reporters à demeure. Réputée assez peu photogénique, elle a cependant inspiré dans sa jeunesse de grands photographes comme Jean-Gabriel Séruzier, Alexander Bender ou Raymond Voinckel…

Au-delà de la personne, le personnage La figure de la chanteuse de rue a été aussi l’inspiratrice de personnages de fictions, au cinéma et au théâtre, souvent inspirés de sa vie réelle. Piaf apparaît dès 1936 pour un petit rôle dans La Garçonne mais c’est pendant la guerre que sa carrière au cinéma commence vraiment, avec des films comme Montmartre sur Seine, Étoile sans lumière de Marcel Blistène - sans doute le rôle le plus intéressant qu’elle ait eu - puis Les Amants de demain. Au théâtre, Jean Cocteau écrit pour elle en 1940 Le Bel Indifférent puis elle joue dans La P’tite Lili de Marcel Achard, mise en scène par Raymond Rouleau en 1951. Au-delà de ses chansons, le personnage de Piaf habite toujours les imaginaires d’aujourd’hui : des livres innombrables - biographies, souvenirs, éditions de lettres, albums, catalogues -, des numéros spéciaux, des émissions et expositions lui sont consacrés, sa page Facebook est suivie par des milliers de fans. Au cinéma, après Édith de Guy Casaril en 1974 et Édith et Marcel de Claude Lelouch en 1982, le film La Môme a été le triomphe de l’année 2007, avec plus de cinq millions d’entrées en France, cinq César et deux Oscar. L’exposition se termine sur un flash-back, évoquant Edith Piaf débutante à la mine boudeuse, égrenant sa philosophie de la vie : « J’m’en fous pas mal » susurre-t-elle à l’oreille des visiteurs, comme un ultime pied de nez.»

L'article biographie est extrait du document de presse de cette expositon à la BnF (Bibliothèque natioale de France)

Édith Piaf meurt le 10 octobre 1963 à 13 h 10 à Plascassier (un quartier excentré de Grasse dans les Alpes-Maritimes) à l'âge de 47 ans d'une hémorragie interne (rupture d'anévrisme) due à une insuffisance hépatique, usée par les excès, l'alcool, la morphine, la polyarthrite rhumatoïde et les souffrances de toute une vie. Elle est morte dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière. Le transport de sa dépouille dans son appartement 67, boulevard Lannes de Paris est organisé clandestinement et dans l'illégalité ; sa mort est annoncée officiellement le 11 octobre 1963 à Paris grâce à un faux certificat de décès post-daté de son médecin Claude Bernay de Laval, six heures avant le décès de son ami Jean Cocteau. Cocteau, avec qui Édith entretenait une correspondance suivie, apprenant la nouvelle de sa mort, a dit : « C'est le bateau qui achève de couler. C'est ma dernière journée sur cette terre ». Il a ajouté : « Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l'or par les fenêtres », avant de mourir lui-même.(wilkipedia)


 

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