Dermatologie et pratique de la flûte, le menton du flûtiste
Flautist's chin, le menton du flûtiste,
Les troubles cutanés des musiciens sont relativement fréquents. Ces troubles sont différents selon les musiciens, l’instrument, le type de pratique. Les causes ne sont pas toujours connues, il s’agit le plus souvent de réactions plurifactorielles, allergie, friction mécanique, par exemple.
Le trouble se nommant « menton du flûtiste » ou « flautist’s chin » est une forme de dermatite péri-orale localisée sur le menton. Ce cas clinique est celui d’une jeune flûtiste de 20 ans, qui joue de la flûte depuis 7 ans quelques heures par jour et cela sans problème dermatologique. Depuis deux mois, M. A présente une réaction eczématiforme au niveau du menton. Il s’agit de plaques érythémateuses squameuses au niveau du menton à l’emplacement où se situe le contact avec la flûte. Dans ses antécédents, on note que M. A a développé une dermatite du lobe de l’oreille en relation avec une boucle d’oreille.
Sa flûte est un alliage argent-cuivre composé de 90 % d'argent et de 10 % de cuivre, avec des traces de matériaux divers, nickel, bismuth, fer, silicium, magnésium, plomb et manganèse.
Si les patches tests pour déceler une éventuelle allergie était négatifs concernant les matériaux de la flûte elle-même (argent, cuivre, fer, manganèse), ils étaient positifs concernant le nickel. Le Chemo Nickel Test qui permet de détecter la présence de nickel ne permettait pas de mettre en évidence la présence de nickel sur la flûte. Mais des tests plus précis (spectrométrie d’émission atomique à plasma à couplage inductif a mis en évidence que la flûte contenait 0,67% du nickel).
Le Chemo Nickel Test est insuffisamment sensible dans certaines situations pour mettre en évidence la présence de nickel.
Certains auteurs ont suggéré que la présence d’une acné mécanique due au contact et au frottement de l’instrument accompagné de la présence de salive (zone cutanée humide) pourrait jouer un rôle dans le « menton du flûtiste », sans exclure qu’il puisse y avoir plusieurs formes anatomocliniques et plusieurs facteurs causaux plus ou moins dépendants.
D’autres auteurs encore ont suggéré en relation avec d’autres cas cliniques de « menton du flûtiste » le rôle d’une sensibilité au nickel et au chrome ou à un autre composant de l’alliage.
Dans le cas de cette flûtiste, M. A., et dans d’autres cas similaires, le « menton du flûtiste », « flautist’s chin » peut être causé pour certains par une irritation mécanique, pour d’autres par une réaction allergique aux métaux et pour d’autres encore à la combinaison de ces facteurs.
Les troubles dermatologiques des musiciens sont insuffisamment étudiés, investigués et les propositions thérapeutiques ne sont pas suffisamment validées et il n’existe pas de véritable consensus dans ce domaine. Il est important dans la recherche d’un processus allergique, de faire une recherche fine et de ne pas se contenter des tests classiques lorsqu’ils sont négatifs. Des axes de recherche sont indispensables pour trouver des solutions pratiques aux musiciens qui rencontrent parfois de sérieux problèmes en relation avec leur instrument.
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