Neurinome de l’acoustique et exposition à la musique

Le Neurinome de l’acoustique

Oreille interne
1. Nerf vestibulaire et
cochléaire forment
le VIII ème nerf crânien

Le neurinome de l’acoustique est une tumeur bénigne (non cancéreuse) qui se développe à partir des cellules gliales (cellules de Schwann, d’où le nom également de ces tumeurs : Schwannome ou gliome).
Si les neurinomes se forment sur les nerfs crâniens et rachidiens, le neurinome de l’acoustique se développe à partir du nerf vestibulaire (le nerf de l’équilibre qui forme, avec le nerf auditif, le nerf vestibulocochléaire ou nerf VIII). Son développement dans un canal osseux comprime le nerf et entraîne des troubles tels que des vertiges, une hypoacousie , des acouphènes . Cette tumeur peut, après avoir atteint le nerf auditif, léser par compression le nerf facial et être responsable d’une paralysie faciale.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet de confirmer ce diagnostic et d’effectuer une surveillance prolongée, soit avant traitement, si le neurinome reste de petite taille ou d’évolution lente, soit après traitement, pour veiller au risque de récidive.
Le traitement conventionnel est la chirurgie, mais pour de petites tumeurs la radiochirurgie (par stéréotaxie) paraît être une solution efficace et qui limite la période de convalescence ainsi que le risque de séquelles éventuelles _ Le neurinome de l’acoustique représente environ 7 % de toutes les tumeurs situées à l’intérieur du crâne. Sa cause est pour l’instant inconnue. De nombreuses études sont à l’œuvre pour en déterminer les facteurs favorisants et causaux.

Etude Suédoise sur les relations des sons de forte intensité ( bruit ) et le neurinome de l’acoustique
Une étude récente [1]a étudié la relation entre l’exposition à des niveaux sonores élevés et le risque de neurinome de l’acoustique. Les chercheurs ont utilisé les données d’un travail international reposant sur une étude cas-témoins visant à analyser la relation entre tumeurs cérébrales, neurinome de l’acoustique, tumeurs parotidiennes, et utilisation des téléphones portables (Interphone Study, réalisée en Suède).
Caractéristique de l’étude
Cette recherche « Interphone Study » incluait des hommes et des femmes, la collecte d’informations (entretien et questionnaire) s’est faite de 1999 à 2002. L’âge des sujets s’étalait de 20 à 69 ans.
Dans la région où se situait cette étude, le nombre de neurinome répertorié était de 146. Les témoins tirés au sort étaient 564 (témoins appariés aux cas pour l’âge, le sexe, la région de résidence).
L’ étude précisait l’exposition aux bruits en milieu professionnel et non professionnel (passée et présente, régulière ou irrégulière), ainsi que divers aspects de cette exposition. L’exposition intense était définie comme une exposition de plus de 80 dB.
L’étude différenciait la durée d’exposition : moins de 5 ans, 5 à 14 ans et 15 et plus ainsi que leur source : moteurs, événements sportifs, industries, etc… ainsi que l’exposition à la musique.
La tumeur siégeait en général à droite (59% des cas), l’âge médian était de 52 ans.
L’étude met en évidence un risque accru de neurinome de l’acoustique chez les personnes ayant été exposée au bruit intense, quelle que soit la source de cette exposition (odds ratio –OR- = 1, 55 ; IC à 95% : 1,04-2,30). Les odds ratio étaient plus élevés quelle que fût la durée d’exposition (selon les trois catégories définies précédemment) ; le risque le plus élevé, tous sexes confondus se retrouvait surtout pour les bruits intenses dans la catégorie de 5 à 15 ans.
Selon la source de bruit
Le risque de neurinome de l’acoustique est plus élevé pour des expositions au bruit intense de machines, appareils électriques, outils de construction. Il est plus élevé également pour les expositions aux musiques fortement bruyantes.

1. Oreille externe, 2. oreille moyenne
3. Oreille interne

Étude Française sur les relations des sons de forte intensité (bruit, musique) sur le neurinome de l’acoustique
Une étude [2] plus récente réalisée en France confirme également ce risque de neurinome de l’acoustique en relation avec l’exposition à des expositions à l’écoute de la musique pour des niveaux élevées de décibels.
Caractéristique de l’étude
Cette étude a été réalisée sur des habitants du Grand Lyon et d’Ile-de-France ; elle incluait 108 cas neurinome identifiée dans cette zone entre juillet 2000 et août 2003. Il s’agissait également d’une étude cas-témoin (appariés pour l’âge, le sexe et le lieu de résidence)
Selon la source de bruit
Les questionnaires et entretiens ont répertorié les facteurs liés à l’exposition au bruit : les activités exercées, les protections utilisées, les expositions lors des activités de loisir et les lieux d’habitation (aéroport, voie ferrée, autoroute). L’ ajustement sur le statut socio-économique, la consommation moyenne de cigarettes et la durée d’utilisation du téléphone portable, l’analyse associe neurinome de l’acoustique et bruit intense.
 Ce risque est retrouvé pour l’exposition au bruit intense au cours des activités de loisir, en particulier l’exposition liée à l’écoute de la musique. Ce risque s’accroît avec la durée d’exposition, significativement plus élevé pour les bruits intenses et les détonations.L’exposition à la musique à fort volume est associée à la survenue du neurinome de l’acoustique avec un OR =3,88 ; 1,48-10,17.

Ces deux études sont concordantes lorsqu’on élimine les facteurs de confusions et autres facteurs. Pour autant, ces études comportent des biais pouvant limiter l’interprétation des résultats.
L’exposition à des niveaux sonores élevés à la musique est associée à l’augmentation du risque de survenue de neurinome de l’acoustique, La prévention de l’exposition aux niveaux sonores intenses et des durées d’exposition est une nécessité pour conserver son audition, mais également pour diminuer d’autres risques tel que le neurinome de l’acoustique. Si cette étude s’est focalisée sur l’écoute de la musique et pas sur la pratique musicale en milieu professionnel ou amateur, la gestion du « niveau équivalent de bruit » pour les musiciens pour que celui-ci soit au-dessous du seuil de risque reste une nécessité notamment pour les musiciens de musique amplifiée.

Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

[1] Edwards CG, Schartzbaum JA et al. Exposure to loud noise and risk of acoustic neuroma. Am J Epidemiol 2006 ; 163 : 327-33.
[2] Hours M et coll. : Can loud noise cause acoustic neuroma ? Analysis of the INTERPHONE study in France. Occup. Envion. Med. 15 mars 2009.


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