La douleur, au centre de la relation pédagogique et parentale ou le complexe de l’albatros par procuration

Douleur au centre des pratiques artistiques

Répandre l’idée simple et commune que la pratique d’un art serait toujours une expérience heureuse et bénéfique serait nier une évidence et passer sous silence les biographies, interviews d’artistes décrivant leurs souffrances lors de leur apprentissages artistique, leurs extrêmes difficultés lors de leur pratique.
Si, de manière générale, la pratique artistique est bénéfique, si les apprentissages artistiques sont à défendre comme des promoteurs de bien-être et de plaisir, nul doute que nous ne prêtons pas suffisamment attention aux enfants notamment qui rencontrent des difficultés lors de leurs apprentissages.

La douleur au centre du jeu
Régulièrement dans nos consultations nous percevons derrière une douleur physique en relation avec la pratique chez l’enfant, la formulation indirecte d’une difficulté plus large vis-à-vis de la pratique. Les parents lors de la consultation montrent parfois leur espoir, leurs exigences, l’ambition qu’ils placent sur sa « tête » ; ils évoquent avec fatalisme ses douleurs qui l’empêchent de jouer.
Il ne faut pas négliger cette douleur, en rechercher les causes physiques, faire un examen complet. Il n’est pas rare qu’elle soit la seule possibilité pour l’enfant d’apporter une excuse acceptable à ses parents, à son professeur de son manque de réussite, parfois d’assiduité, éventuellement de goût. Nul doute qu’il souffre et cette souffrance-là résiste aux traitements classiques, se chronicise.
 

Parfois d’ailleurs, cette exigence parentale ou professorale ne se traduit pas par une quelconque dureté, mais par l’expression d’un désir profond, des affects puissants, un investissement que l’enfant ne veut pas décevoir de manière évidente, frontale. La douleur permet d’instaurer un dialogue avec les parents et le professeur, d’élargir la tolérance parentale à la non-réussite avec le risque que la douleur devienne le pivot de l’apprentissage artistique.
La difficulté, c’est qu’à l’inverse, sans le désir parental, sans un investissement précis sur les apprentissages de l’enfant, il y a rarement réussite. Mais en tout, il y a l’art et la manière, et dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, la manière a de l’importance ; développer les compétences d’un enfant demande des habiletés parentales et éducatives qui sont assez communes mais pas toujours présentes.
La souffrance psychique de l’enfant peut s’exprimer de différentes manières ; elle peut parfois se traduire par une véritable dépression souvent sous-diagnostiquée. Au-delà même des signes dépressifs avérés, des signes précurseurs peuvent être présents sous la forme d’une instabilité psychomotrice, une agitation, des accès colériques, plutôt qu’une tristesse, un abattement que l’on rencontrera plus volontiers chez l’adulte. Des changements psycho-moteurs, la difficulté de se concentrer, des résultats modifiés doivent faire rechercher ces signes de souffrances vis-à-vis de la pratique ou dans un autre secteur de la vie de l’enfant. Les enfants disent leur souffrance avec leur corps : insomnie, douleurs, troubles alimentaires, céphalées, douleur digestive.
La douleur est souvent mal étiquetée, les signes cliniques ne sont pas francs, les TMS retrouvés n’ont pas un caractère spécifique ; les douleurs ne sont pas de type inflammatoire.

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