La coordination, l’indépendance des mains. Chronique d’un professeur de piano N°6

Coordination et indépendance des mains

Une chose à la fois
Le piano est un des seuls instruments qui nécessite une position identique des membres supérieurs et un travail égal des dix doigts et des deux mains. Travail égal mais grand besoin de coordination et d’indépendance des mains. Avec les débutants, nous travaillons d’abord en mains alternées puis chacune se dissocie pour jouer une voie différente. Pour ma part, j’introduis très tôt le travail d’indépendance des mains (lever une main sans lever l’autre, lier d’un côté, piquer de l’autre) et un peu plus tard la dissociation des plans sonores).
Les débutants droitiers sont souvent étonnés de constater que leur main droite est plus solide mais aussi plus crispée que leur main gauche qui reste souple… Il est plus facile d’obtenir une bonne position à gauche, la main est en quelque sorte plus vierge donc plus malléable. L’indépendance des mains est donc avant tout un travail de geste qu’il faut aborder consciemment en mettant des mots et en donnant des repères précis dans le temps pour effectuer ce geste (lever la main droite en liant la main gauche, par exemple). Elle s’obtient toujours en exagérant le geste au début et en l’anticipant, ce qui amène à ne pas toujours respecter les figures rythmiques (ainsi par exemple, une blanche deviendra noire soupir) pour prendre conscience du relevé de la main sans attendre le dernier moment, ce qui entraînerait le lever des deux mains en même temps (sans que l’élève s’en aperçoive). Ce petit travail est quasi naturel pour certains alors que pour d’autres, il demandera un réel apprentissage, les cours ressemblant plus parfois à de la rééducation motrice qu’à de la musique. Mais avec un peu de patience, on résout toujours le problème. Il ne faut pas, à ce stade, être exigeant sur le son, une chose à la fois.

Dissocier les plans sonores
Une fois cette indépendance obtenue, je fais travailler la dissociation des plans sonores. Un exercice très efficace consiste à faire jouer fort, en exagérant, la main qui a la mélodie en faisant semblant de jouer l’autre : on actionne les doigts sans les enfoncer, puis on laisse les doigts s’enfoncer un peu mais toujours en imaginant que cette main ne joue pas, puis petit à petit on reprend le contrôle et le dosage de la force. C’est difficile les premières minutes puis les élèves sont étonnés du résultat et du contrôle qu’ils peuvent obtenir sur leur main : cet exercice est bien sûr à travailler dans les deux sens (main gauche nuance piano, main droite nuance forte et inversement).

Pour les déplacements aussi il est nécessaire d’anticiper le geste : déplacer la main pendant que l’autre joue sans rupture dans le rythme ou en marquant un arrêt volontairement à un moment bien précis, généralement en avance et non pas seulement quand on a besoin de jouer la note ou l’accord. Cela nécessite de mémoriser quelques notes pour se concentrer sur le geste seulement.

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