Hallucination musicale complexe chez un musicien professionnel

Hallucination musicale complexe chez un musicien professionnel après une hémorragie subcorticale gauche

Les hallucinations musicales représentent un type particulier d’hallucinations acoustiques dans lequel la perception acoustique est formée par la musique ou des chansons. On les retrouve surtout dans le cadre de certaines pathologies psychiatriques et quelquefois elles ont été rapportées dans les surdités neuro-sensorielles, mais rarement après un accident vasculaire cérébral (AVC). Le cas présenté concerne une hallucination musicale chez un musicien professionnel avec une lésion hémorragie subcorticale gauche, probablement causée par un angiome caverneux.

Qu'est-ce qu'une hallucination musicale ?
Selon le DSM-IV-TR (2000), une hallucination est une perception sensorielle qui procure la même sensation immédiate de réalité qu’une perception réelle, mais en l’absence de stimulation externe de l’organe sensoriel intéressé. L’hallucination auditive consiste en des perceptions auditives anormales qui surviennent en l’absence d’un stimulus acoustique correspondant.

Cas clinique d'un musicien professionnel
Il s’agit d’un musicien professionnel (compositeur) de 35 ans de sexe masculin, droitier. Ce patient est reçu dans le département de neurochirurgie sept jours après le début d’une légère maladresse de sa main droite suivi par des sensations acoustiques complexes de nature musicale.
Le patient avait assisté à un concert symphonique où avait été jouée une transcription orchestrale de Siegfried de Wagner. De retour à son domicile une heure après, son hallucination auditive a débuté.
Le patient décrit ces perceptions auditives hallucinatoires comme une pièce symphonique de musique jouée par de nombreux instruments de percussion. Il s’agissait d’un style de musique familier, et bien qu’inconnue, elle ressemblait à la musique entendu lors du concert qui avait précédé. Le thème était joué sur une tonalité mineure avec l’utilisation de nombreux instruments de percussion entremêlés d’instruments à cordes. Le patient indiquait que cette musique ressemblait à la musique de la période romantique tardive (Malher, Bruckner, Wagner dans ses dernières œuvres). La musique paraissait de faible intensité puis augmentait progressivement.
Cette sensation était accompagné d’émotions contradictoires. Il avait estimé que c’était la musique la plus effrayante et la plus terrifiante qu’il avait jamais entendu. Il aurait tout à la fois souhaité repousser hors de son esprit cette sensation sonore et par ailleurs il était profondément fasciné et aurait souhaité composer des morceaux si passionnants.
Lors de cette hallucination musicale, le patient était capable de parler, d’écouter la télévision et de faire ces activités habituelles. Il entendait normalement durant cette période ce qui se passait autour de lui.
La période hallucinatoire musicale avait duré 90 minutes environ, puis le patient s’était endormi. Ce phénomène ne s’est pas reproduit dans les mois qui ont suivi.
L’examen du patient lors de son entrée dans le service médical révélait simplement un léger déficit moteur de la main droite. L’examen auditif clinique et complémentaire était normal. On ne relevait pas dans les antécédents d’addiction à des drogues ou à l’alcool, ni de troubles psychiatriques.

Les examens paracliniques
L’imagerie cérébrale montre une petite lésion hyperdense sur le lobe temporal gauche au niveau subcortical. L’imagerie par résonance magnétique montre une lésion hémorragique impliquant le putamen gauche et la capsule externe près de l’insula. La lésion était située à côté du radiation acoustique . L’angiographie était normale. Les trois électro-encéphalogrammes (EEG) réalisés les 1er, 3ème et 5ème jours après l’admission montraient une activité anormale lente au niveau temporal, sans grapho-éléments épileptogènes. Les audiogrammes et les potentiels auditifs évoqués étaient normaux.

IRM et schéma anatomique
L’IRM du cerveau et le schéma anatomique des images coronales de l’IRM (voir figures ci-dessus). Sur l’IRM on note un signal altéré (hyperintense au centre et hypo-intense à la périphérie), compatible avec une lésion hémorragique, qui implique le putamen gauche et la capsule externe juste au niveau externe de la radiation acoustique. La comparaison entre les images décrit la relation stricte entre la lésion hémorragique et la radiation acoustique (doubles flèches) qui court du corps géniculé médial (flèche simple) au cortex acoustique dans le gyrus temporal supérieur.

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