Cure musicale

cure musicale

Les journaux américains parlent d’une cure merveilleuse opérée à New-York par l’influence de la musique, sur une jeune dame affectée de la poitrine. Le docteur qui a accompli ce miracle se nomme Sydney, et le cor de chasse aurait été le remède conseillé et employé avec succès contre l’organisation phtisique de la malade ; non le suave cor à piston tel que nous l’ont fait connaître Dufrêne, Messemer et Forestier, mais bien cet antique et patriarcal cor de chasse, légué aux laquais, et revêtu par le vocabulaire moderne de l’ignoble nom de trompe. Plusieurs fanfares réitérées devant le lit de la jeune patiente auraient suffi pour la rendre à la santé, à son époux, à ses amis. Le docteur Sydney mérite une statue dont le monde musical ne peut s’empêcher de payer les frais.

Tour ce qui joue du violon, sonne de la trompe, touche du piano ou pince de la guitare, concourra à l’érection de ce mouvement. Il y a là pour le monde musical tout un avenir dont nul ne s’était douté jusqu’à présent. Guérir la phtisie par l’application d’une fanfare, c’est un progrès bien autrement important que les chaises brisées dans le galop et la mousqueterie dans le quadrille ! Vraiment c’est à faire frissonner toute la docte Faculté et soulever toutes les écoles de médecine contre le corps des musiciens. Jugez donc des immenses résultats de cette cure américaine, pour peu qu’elle vînt traverser l’Atlantique.
Adieu le Paraguay-Roux ! Adieu la pâte Rognault ! Adieu toute cette légion de spécifiques officiels et patentés qui se prélassent dans les bas-fonds de notre presse périodique. Nous aurons des sonates à quatre mains contre les rhumatismes, des symphonies contre la coqueluche, des rondos brillants contre les maux de dents, des trios pour guérir les catarrhes les plus invétérés, des quadrilles contre la goutte, des romances contre la gastrite et des variations pour la guérison radicale des incurables. Puissances du ciel !
Quelle révolution dans la thérapeutique ! Nos étudiants en médecine apprendront la gamme et le solfège, et ne recevront leur diplôme de docteurs que lorsqu’ils seront musiciens consommés. On mandera devant le lit d’un malade MM. Listz, Tulou, Batta, Bériot, Musard, Haumann, Mengal, Nourrit, Levasseur et madame Dumoreau. On appliquera au patient un concerto en ut mineur, ou un nocturne à deux voix, et le malade sera guéri, ou il succombera, comme par le passé ! Dans les cas désespérés, on appliquera une symphonie fantastique en guise de glace sur la tête.
Je vous le dis en vérité, incalculables seront les résultats de la cure américaine ! Déjà la terreur est au camp des médecins : M. Orfila seul reste calme en présence de ces grands évènements. Cela se conçoit. M. Orfila était reconnu par la Faculté, comme un parfait musicien. Il renoncera à la médecine et n’en soignera que mieux ses malades.
Almanach, 1837

Rédacteur : Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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