Windgassen (Wolfgang)

Wolfgang Windgassen

Né à Annemasse, de parents allemands le 26 juin 1914, Wolfgang Windgassen apparaît voué à la carrière lyrique par une hérédité exceptionnelle : son père, Fritz Windgassen, fut lui-même un ténor de grande réputation, sa mère un soprano notable et sa tante Eva von der Osten avait créé le rôle d’Octavian dans Le Chevalier à la rose ! C’est pourtant contre le gré et à l’insu de son père qu’il prit ses premières leçons de chant. Fritz Windgassen d’ailleurs ne tarda pas à reconnaître les dons de son fils et à favoriser sa carrière. Wolfgang Windgassen, engagé en 1939 par l’Opéra de Pforzheim, y effectua ses véritables débuts en 1941 (dans La Force du destin) et y interpréta jusqu’en 1944 les rôles les plus divers. Après la guerre, il entre à l’Opéra de Stuttgart auquel il demeurera fidèle. Il s’y impose dans Florestan (1946), et y aborde progressivement les grands rôles wagnériens, attirant l’attention de Wieland Wagner qui lui confie Parsifal lors de la réouverture du théâtre de Bayreuth, en 1951. Sa réussite est complète. Désormais, les grands moments de sa carrière se confondent avec ceux du festival, dont il devient rapidement le premier ténor. Dès 1953, Tannhäuser ; en 1956, Walter ; en 1957, Tristan… Dans le même temps, il accumule les succès internationaux. Il sera Tristan à Paris en 1966, dans la mise en scène de Wieland Wagner. Après ses adieux à Bayreuth en 1970, il s’adonne à la mise en scène et devient directeur de l’Opéra de Stuttgart, mais continue d’apparaître de loin en loin dans ses rôles favoris jusqu’à sa disparition brutale, le 20 juin 1974.
Wolfgang Windgassen pratiqua, dans sa jeunesse surtout, un répertoire fort étendu, dont on retiendra au moins son Florestan et son Otello. Sa carrière wagnérienne l’a fait oublier d’autant plus facilement qu’en l’absence de toute concurrence sérieuse (si l’on excepte l’éphémère apogée de Ramon Vinay), il y a fait figure de recours providentiel ; d’aucuns diront, très injustement : de pis-aller. En fait, Wolfgang Windgassen a créé, en collaboration étroite avec Wieland Wagner, un nouveau type de ténor dramatique adapté à la sensibilité actuelle, non moins qu’à la pénurie de grandes voix. Celle de Wolfgang Windgassen, d’une puissance limitée, assez claire et un peu blanche de timbre, n’avait ni le volume, ni la couleur jusqu’alors associés aux rôles wagnériens. Si elle convenait bien à Lohengrin et à Parsifal, si elle traduisait avec subtilité la sensualité douloureuse et inquiète de Tannhäuser, ou la mélancolie crépusculaire d’un Tristan dès l’origine étranger au monde, elle manquait pour Siegfried de force brute, d’éclat et de dynamisme. Ce dernier emploi, souvent interprété de manière très fruste, est pourtant l’un des plus révélateurs de la maîtrise de Wolfgang Windgassen, qui savait restituer au jeune Siegfried grâce juvénile et naïveté sans niaiserie, et réussissait comme personne, dans le Crépuscule des dieux, la difficile transformation du héros dépossédé de lui-même par la vertu du philtre. L’intelligence dramatique de Wolfgang Windgassen et son habileté scénique, acquises au contact vivifiant du nouveau Bayreuth dont il est le plus pur produit, ont ainsi renouvelé notre conception de tous ses rôles, en les débarrassant des clichés douteux accumulés par une fausse tradition, et par là ont contribué à la spectaculaire réévaluation wagnérienne du dernier quart de siècle qui est aussi un retour aux sources. Quant à sa musicalité, elle était impeccable dans les moments mêmes où le souci de ne pas épuiser prématurément ses ressources vocales l’incitait à se ménager trop audiblement ; ce qui ne l’empêchait pas (ou lui permettait) d’attendre, dans le « Retour de Rome » de Tannhäuser et surtout dans la mort de Tristan, à une intensité bouleversante ; non plus que de conserver en toutes circonstances, cette dimension héroïque et mythique dont ses Thomas ou un James King ne pouvaient combler entièrement et qui, malgré les promesses d’un Peter Hofmann, ne semble pas en passe de se résorber.

  • Beethoven : Fidelio, rôle de Florestan, Furtwaengler (EMI)
  • Wagner
    • L’Anneau du Nibelun, rôles de Loge et de Siegfried, dir. Karl Boehm (Philips).
    • Lohengrin, rôle titre, dir. Keilberth (Decca).
    • Tannhäuser, rôle-titre, dir. Sawallisch (Philips).
    • Tristan et Isolde, rôle de Tristan, dir. Karl Boehm (DG)

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