Ukraine (Chant populaires de l’)

Les airs de l’Ukraine respirent la douceur, le calme et la tristesse. Le peuple vaincu et persécuté pleure dans ses chants la perte de sa liberté. Ses dumki sont comme les derniers rayons de son bonheur passé que la tyrannie n’a pu briser. On n’y retrouve point, comme dans les chants Kosacks ou Serbes, cette soif de la vie active et aventureuse qui leur est commune avec les Klephtes et les Monténégrins ; chez les paysans d’Ukraine, la passion des armes cède au goût paisible de la vie agricole : le foyer domestique est préféré à tous les prestiges de la gloire ; les femmes et les hommes du peuple sont poètes et musiciens. Partout le travail du jour finit par une chanson, et souvent les sentiments de la vie simple, sans acci-dents ni périls, se transforment en affections pures, qui s’exhalent en élégies plaintives, remplies de tendresse et d’amour. Ce qui ajoute encore à la douce tristesse de ses airs nationaux, c’est que l’Ukraine est couverte de nombreux tertres tumulaires (mogily) sous lesquels reposent les guerriers morts pour la patrie. La langue du peuple d’Ukraine est favorable à la musique ; elle tient le milieu entre la langue polonaise et la langue russe. Quant aux airs avec lesquels on berce les enfants, ils se sont perpétués de génération en génération, sans avoir été notés. Les femmes de l’Ukraine ont un goût prononcé pour leurs dumki. Elles bercent leurs enfants avec ces mélodies douces et mélancoliques, et c’est ainsi qu’elles restent à jamais gravées dans la mémoire et dans le coeur. Les Adieux du Kosach, la dumka si touchante de Eyrcio, les Plaintes du Voisin, les Regrets d’une jeune Mariée, etc., tous ces chants, souvenirs précieux de l’enfance, ne s’oublient jamais. Plusieurs autres chants sont cités également, comme venant de la patrie des Kosacks : Le bal et l’Orage, le Kosach et la Dziuba, que l’on chante en s’accompagnant sur la bandura, espèce de théorbe russe. Ces chants sont plus gais et ont, par cela même, moins de caractère que les dumki. L’instrument favori du peuple d’Ukraine est la sensla, qui est d’origine slave. Cet instrument n’avait d’abord que trois cordes métalliques sur lesquelles on jouait avec des bâtons. Le nom de guslarz qui veut dire devin, ou diseur de bonne aventure, dérive de cet instrument, qui s’appelait ; en langue slave, guzle ou liuszle.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

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