Tzigane (La)

Opéra-comique en trois actes, livret de MM. Delacour et Wilder, musique de M. Johann Strauss, représenté au théâtre de la Renaissance le 30 octobre 1877. La pièce est nouvelle autant que peut l’être un livret adapté à des situations analogues déjà exploitées dans le Réveillon de MM. Meilhac et Halévy, dans l’opérette Die fledermaus (la Chauve-souris) et dans Cagliostro. La musique a été tirée de ces deux derniers ouvrages du même compositeur et augmentée de plusieurs morceaux nouveaux. Le prince, il paraît que les auteurs n’ont pas jugé nécessaire de désigner autrement un personnage libidineux et ridicule, le prince donc a épousé par procuration la princesse Arabelle sans la connaître, et, le jour même de ses noces, il se livre à toutes ses fantaisies amoureuses au milieu d’une troupe de bohémiennes. Afin de ramener cet époux infidèle en s’en faisant aimer, la princesse se déguise en tzigane, est proclamée la reine de la bande et séduit le prince de telle sorte qu’il dépose sa couronne à ses pieds. Elle se fait alors reconnaître, et tout est pour le mieux. Comme on le voit, la donnée est faible et l’idée de ce travestissement n’est pas neuve. Mais, en ces sortes d’ouvrages, on n’attache, d’intérêt qu’aux épisodes ; plus ils sont grivois, de haut goût et fournissent aux actrices l’occasion de dire des gaudrioles, plus la pièce a de succès. L’ouverture est trop développée et n’offre pas de variété. Malgré deux phases relativement lentes, l’ensemble n’est que de la musique de danse bien écrite, très rythmée et un peu meilleure que celle de nos bals publics français, voilà tout. C’est là d’ailleurs le caractère général de la partition. Les couplets de Matthias : Je porte en moi deux personnages, sont communs. Le terzettino suivant tourne à la polka ; puis viennent des couplets qui se terminent en valse, et ainsi de suite jusqu’à la fin. Il est vrai que le livret ne se prêtait guère à un genre relevé. Il suffit d’en citer quelques fragments :

La princesse
Courir après l’époux qui fuit,
Pleurer l’ingrat qui nous trahit,
Sans doute c’est folie.
On a toujours quelqu’un de prêt
A vous venger d’un tel méfait,
Pour peu qu’on soit jolie,
Le châtiment d’un tel dédain,
Nous l’avons toutes sous la main.
Chacun sait ça,
Oui, mais voilà,
L’amour est un jeu de surprises ;
On veut punir,
On va sévir
Et paf ! on fait des bêtises.

Le terzetto de Léna, Zappoli et Matthias : Quelle faute déplorable ! est excellent dans son genre familier. Il est traité avec les procédés des farces italiennes. J’en dirai autant d’un autre trio : Allons, mignonne, je le veux, apaise tes alarmes, qui est très bouffon. C’est dans le finale du premier acte que se trouve la valse qui a décidé du succès de l’ouvrage. Il est vrai que le public aime volontiers ce qu’il connaît mieux, et le musicien a répété ce motif, assez joli du reste, à plusieurs reprises. Dans le second acte, on a remarqué la chanson tzigane : Pourquoi pleurer, pourquoi gémir ? dont le motif a déjà été entendu dans l’ouverture. Les couplets du pâté d’anguille ont obtenu un succès aussi facile que la morale qu’ils expriment ; ce pâté, néanmoins, est assaisonné de trop gros sel flamand pour nous plaire. Le sel gaulois eût suffi comme dans les couplets du rire, chantés par Arabelle. Au reste, il n’y a plus de limites à déterminer dans ce genre d’ouvrages soi-disant lyriques. On ne peut que s’étonner de voir des artistes doués de quelque talent, des musiciens d’orchestre qui ont fait de bonnes études exécuter devant un auditoire choisi et ravi une musique sur des paroles telles que celles-ci :

La princesse
Quelle erreur
De fermer son jeune cœur
A l’amour qui le met en fête !
Tôt ou tard,
Au divin petit moutard
Ne faut-il pas payer sa dette ?
Or voilà pourquoi
J’aime mieux, la foi,
Me jeter à votre tête,
Dis-moi : tu !
Dis-moi-toi !
Viens plus près de moi !
Dis-moi-tu !
Dis-moi-toi !
Au diable la vertu !

La musique est rarement scénique, presque nulle part concertante ; mais la méthode est gracieuse, habilement rythmée et correctement harmonisée ; l’oreille est toujours satisfaite, ce qui est devenu assez rare au théâtre.
Distribution : la princesse Arabelle, Mlle Zulma Bouffar ; Léna, Mlle d’Asco ; Trick, Mlle Piccolo ; Matthias, M. Ismaël, le prince, M. Urbain, Zapoli, M. Berthelier, Melchior, chef tzigane, M. Duchosal, Milla, Mme Ribe, etc.


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