Syndrome du canal carpien. Le traitement. Chapitre III

Traitement percutané sous échographie du canal carpien

Il s'agit d'une toute nouvelle technique

Le traitement chirurgical du canal carpien est l’acte chirurgical le plus fréquent en France. Si aujourd’hui les techniques à ciel ouvert et sous endoscopie sont les plus répandues, une nouvelle technique moins invasive est utilisée avec succès depuis deux ans environ.
Il s’agit d’un geste percutané qui est réalisé sous contrôle échographique. Dans cette étude préliminaire menée par une équipe chirurgicale française, le geste technique a permis de réaliser une section complète du ligament annulaire du carpe dans tous les cas étudiés dans la mise au point de cette technique. Les chirurgiens qui ont développé cette technique indiquent que la récupération est rapide, en quelques jours, contre 3 à 4 semaines avec la chirurgie à ciel ouvert. Aucun patient n’a connu de douleurs cicatricielles comme c’est très souvent le cas après chirurgie, chez un patient quelques paresthésies ont été notées au quatrième doigt. La technique repose sur une ouverture de 5 mm au pli palmaire qui permet de glisser le couteau rétrograde dans son trocart et de sectionner le ligament annulaire antérieur. Le fait de l’absence de douleur après ce geste chirurgical, l’absence de cicatrice au niveau de la paume de la main, plaide pour un retour précoce à l’activité quotidienne et professionnelle.
Ainsi cette technique pourrait être tester utilement pour les artistes, musiciens, circassiens, plasticiens qui sont victime d’un syndrome de canal carpien. Les résultats préliminaires de ce travail mériteraient d’être confortés sur un plus large échantillon afin d’avoir un confirmation de l’intérêt fonctionnel et économique de cette technique vis-à-vis des autres techniques chirurgicales utilisées. [11]

rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
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Informations complémentaires sur le canal carpien
Éléments de conclusion de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation de Santé (ANES)
D’après la littérature, plusieurs observations peuvent être faites, notamment, sur la base des essais randomisés.
Il existe des éléments en faveur de l’endoscopie.

  •   En termes de rapidité de récupération de la force palmo-digitale et en serrage de la clé : sur cinq études ayant mesuré la force palmo-digitale, cinq sont en faveur d’une récupération plus rapide dans le groupe endoscopie. Sur quatre études ayant testé la force en serrage de la clé, trois montrent une récupération plus rapide pour le groupe endoscopie et une ne montre pas de différence. Au total, la chirurgie par endoscopie semble apporter une amélioration significative en termes de récupération de la force postopératoire.
  •   En termes de douleurs postopératoires, les résultats sont beaucoup moins nets : sur les six études dont les résultats sont totalement exploitables pour ce critère, deux montrent un résultat significatif mais de façon inconstante selon les évaluations, une seule étude montre une différence réellement significative en faveur de l’endoscopie. Le niveau de preuve apporté par la littérature pour ce critère n’est pas suffisant pour conclure formellement.
  •   En termes de durée d’arrêt de travail : sur les six études dont les résultats sont totalement exploitables, quatre montrent un avantage de la libération endoscopique et deux ne montrent pas de différence significative.

Les études n’étant pour la plupart pas faites en insu, la durée d’arrêt de travail prescrite par le chirurgien peut être, volontairement ou inconsciemment, liée à la nature de l’intervention. Une seule a été réalisée en insu, elle montre une réduction de la durée de l’arrêt de travail en faveur de l’endoscopie. Le délai jusqu’à la reprise du travail dépend également de plusieurs autres facteurs dont en particulier la pénibilité du travail et le régime de prise en charge. Lorsque la durée d’arrêt de travail est utilisée comme critère de jugement, ces facteurs devraient être pris en compte en tant que facteurs de confusion potentiels. Or, aucune étude n’a présenté d’analyse statistique prenant en compte la profession, ni le type et la qualité de l’indemnisation des patients alors que ce sont des facteurs déterminants dans le délai de la reprise du travail. Si ces facteurs sont inégalement répartis entre les groupes, cela peut introduire un biais de confusion.
Il faut signaler, par ailleurs, que sur les deux études ayant mesuré le temps nécessaire au retour aux activités de la vie quotidienne, aucune n’a montré de différence significative. Cette constatation contraste avec la réduction du temps d’arrêt de travail observée dans le groupe endoscopie par ces deux études.
Pour évaluer la possibilité d’un plus grand risque de complications avec l’endoscopie, il existe dans la littérature des études randomisées, des études prospectives de cohortes et des études rétrospectives à partir desquelles un grand nombre de cas ont pu être analysés. Malgré cela, aucune différence significative de la fréquence des complications selon le type d’intervention n’a pu être mise en évidence, en partie du fait de la faible fréquence de ces complications. Les techniques endoscopiques ou par chirurgie ouverte pourraient être différenciées en termes d’impact et en termes de qualité de vie ou de satisfaction des patients. Aucune donnée n’a permis de documenter ces critères. Le geste chirurgical endoscopique peut présenter des risques spécifiques (section vasculaire ou nerveuse). Un apprentissage de la technique par les opérateurs est impératif pour limiter le risque opératoire, même si la littérature ne permet pas d’authentifier un risque plus élevé de complications postopératoires pour l’endoscopie. [1]

Bibliographie

[1] ANAES/Service évaluation des technologies – Service évaluation économique/Décembre 2000
[2] Stutzmann S., Buch-Jaeger N., Foucher G, Marin-Braun F. Syndrome du canal carpien. Résultat du traitement conservateur par orthèse de repos sur mesure. Soumis à publication
[3] Wilkins D, Stirrat C, Katz J., Kim M., Stewart B., Whman J. et al. Management of adult patients with carpal tunnel syndrome. Brookline : Havard Communoty Health Plan 1993 ; february : 10 P
[4] Gelberman RH, Hergenroeder PT, Hargens AR, Lunsborg GN, Akeson WH. The carpal tunnel syndrome. A study of carpal canal pressures
[5] ANAES, Stratégie des examens paracliniques et des indications thérapeutiques dans le syndrome du canal carpien
[6] Ebelin M., Roulot E., Synovectomie des extenseurs et des fléchisseurs. EMC, Tech Chir Orthop Trauma, 1994 : 44-360.
[7] Samson P. Le syndrome du canal carpien. Chirurgie de la main, 2004 ; 23 : 165-77.
[8] Dubert T et al, La technique la plus sûre pour éviter le nerf médian lors de l’infiltration du canal carpien. Revue du Rhumatisme, 2006 ; 73 : 74-6
[9] Wallach F., Masmejean E. Syndrome du canal carpien. La Revue du Praticien. Médecine générale. Tome 20, N°716/717, 16 janvier 2006.
[10] Provinciali L., Giattini A, et al. Usefulness of hand rehabilitation after carpal tunnel surgery. Muscle Nerve 2000 ; 23:211-216.
[11] d’après le Syndrome du canal carpien, Le quotidien du médecin, n° 8865, Lundi 29 novembre 2010


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