Sourdine

Les trompettistes et les trombonistes de jazz se servent fréquemment de sourdines ; elles se fixent dans ou devant le pavillon, ou sont tenues devant celui-ci. La notion de sourdine est vaste car, si sa fonction première est d’atténuer le volume sonore, on l’utilise aussi pour modifier le timbre. Ce peut être un objet d’usage non musical, comme un verre ou un chapeau, ou bien un appareil complexe spécialement conçu et usiné, comme la sourdine Harmon. Les problèmes courants que posent les sourdines sont la justesse et l’attaque des notes graves : c’est sans doute pourquoi Tricky Sam Nanton jouait la plupart de ses solos dans le registre aigu.
La sourdine sèche (straight mute) est généralement conique et se fixe dans le pavillon, calée par des morceaux de liège qui permettent le passage de l’air. Elle diminue légèrement le volume et enlève de la résonance tout en rendant le timbre plus nasillard. Elle peut être construite en divers matériaux : cuivre, aluminium, fibre de bois, carton bouilli ou plastique. La cup mute est une sourdine sèche sur laquelle on a monté une coupelle, parfois amovible, qui atténue franchement le son et donne une agréable douceur au timbre. _ La velvet (velours) se fixe su rle bord du pavillon à l’aide de pattes métalliques ; c’est une boîte remplie de coton qui détimbre fortement le son ; elle s’utilise souvent dans les sections de trombones, derrière une chanteuse par exemple.
La sourdine wa wa ferme entièrement et le pavillon et le son sort par le tube de la sourdine ; celle-ci est en deux parties : un bulbe qui se fixe dans le pavillon et un tube qui s’évase en entonnoir ; l’effet wa waa s’obtient en approchant plus ou moins la main de l’entonnoir. Wa wa, en français oua, est une onomatopée qui décrit les sons ouverts ou fermés qu’on peut obtenir en masquant plus ou moins le pavillon avec divers objets ou simplement la main. Quand la main est proche, le son est fermé (ou) et quand elle s’éloigne le son devient ouvert (a). Cela s’écrit sur une partition par des + (fermé) et des o (ouverts). L’effet wa wa s’obtient aussi à l’aide d’un plunger (débouche-évier) et les maîtres du jungle comme le tromboniste Tricky Sam Naton mettaient en plus dans le pavillon une courte sourdine sèche parfois appelée Dixie ou Pixie mute.
La sourdine Harmon, du nom de son inventeur, est une sorte de wa wa améliorée qu’on utilise la plupart du temps sans le tube et qui assourdit considérablement le son tout en lui donnant une résonnance métallique saturée d’harmoniques. Bien qu’elle ait été conçue dans les années 20, cette sourdine est d’un usage plus récent que les autres car son faible volume sonore impose de jouer très peu d’un microphone.
Parmi les objets couramment employés comme sourdines, citons le béret en feutrine légère, généralement percé de quelques trous. Mais l’imagination des jazzmen est féconde, et, si quelques sourdines comme le chapeau en aluminium ont disparu, on peut s’attendre à d’autres découvertes…
M.R.

Sourdine sèche : Louis Armstrong, I’m In the Mood For Love (1935).
Sourdine wa wa : Armstrong, Cold In Hand Blues (Bessie Smith, 1925).
Plunger : Jabbo Smith, Thou Swell (Louisiana Sugar Babies, 1928).
Plunger avec petite straight : Buber Miley, East Saint Louis Toodle-oo (Duke Ellington, 1927) ; Tricky Sam Nanton, Koko (Ellington, 1940).
Harmon : Miles Davis, Summertime (1958).
Cup-mute : Lawrence Brown, All Too Soon (Ellington, 1940) ; Buck Clayton, Bugle Blues (Basie, 1942).

Dictionnaire du Jazz, Robert Lafon, 1988

 

Pour amoindrir la sonorité dans les instruments, on utilise certains objets appelés sourdines. Dans les instruments à cordes et à archet, on place sur le chevalet un petit objet en bois ou en ivoire ou en métal, qui intercepte les vibrations des cordes et, de ce fait, amoindrit leur sonorité. Ce procédé s’indique par les mots italiens : consordini, avec sourdine.
Dans le piano, la pédale de gauche est appelée sourdine, parce qu’étant abaissée par le pied gauche du pianiste, elle fait manœuvrer un mécanisme ayant pour but d’adoucir l’éclat des sons. Dans la trompette et le cor, on met dans le pavillon un morceau d’étoffe ou un tampon jouant le rôle de sourdine. _ On dit : trompette avec sourdine.
Sur la peau du tambour, on étend un voile qui donne une sonorité voilée, plus faible. Les baguettes du tambour frappent sur ce voile.

Dictionnaire d’instrumentation et d’orchestration, 1935

 

La sourdine est petit instrument de bois, de corne ou de métal, qui se fixe à volonté, par ses trois petites pinces, sur le chevalet des instruments à archet et qui, en assourdissant leurs vibrations, diminue leur sonorité. Lorsque tous les instruments à cordes d’un orchestre sont armés de leurs sourdines, la sourdine générale revêt une teinte mélancolique et douce d’un caractère tout à fait particulier, et qui produit un effet d’un charme pénétrant. Il y a là une précieuse ressource pour le compositeur qui sait l’employer sans en faire abus, et lorsque la situation le comporte. Les mots con sordini, inscrits sur les parties d’orchestre, indiquent l’endroit où l’on doit mettre les sourdines ; les mots senza sordini, celui où il faut les enlever.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885

 

Petit instrument de bois, que l’on enchâsse sur le chevalet du violon, de la viole ou du violoncelle, pour en intercepter les vibrations et en diminuer par conséquent le son. La sourdine en affaiblissant les sons, change leur timbre et leur donne un caractère sombre et mélancolique.
Dictionnaire de musique Léon et Marie Escudier, 1872

 

Pièce de bois, de corne ou de métal, se plaçant sur les chevalets des instruments à archet, pour en diminuer le son et leur. donner un timbre spécial mélancolique et quelque peu nasillard. Une mélodie jouée par les instruments à cordes, avec les sourdines, produit un effet mystérieux qui a beaucoup de charmes. On se sert aussi de sourdines pour certains instruments de cuivre, pour le piston, la trompe de chasse, le cor. etc. ; dans ce cas, la sourdine est en bois creux et mince ayant la forme d’une grosse poire.
Dictionnaire des instruments de musique, Albert Jacquot 1886 


 

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