Souffleur

Soutien la mémoire de l'acteur

Pour modeste qu’il soit ; c’est un des emplois les plus utiles et les plus importants dans un théâtre bien organisé. Le souffleur est celui qui est chargé, en suivant constamment des yeux l’original de la pièce que l’on joue, de soutenir la mémoire de l’acteur et de lui envoyer les mots qui pourraient lui échapper. Jadis on appelait cela « tenir la pièce, » et celui qui remplissait cet office, au lieu d’être comme aujourd’hui placé sur le devant de la scène, se tenait sur l’un des côtés du théâtre. Voici comme en 1674, on parlait Samuel Chapuzeau dans son Théâtre-François :

Il est de sa charge de tenir la pièce à une des ailes du théâtre, tandis qu’on la représente, et d’avoir toujours les yeux dessus pour relever l’acteur s’il tombe en quelque défaut de mémoire, ce qui, dans le style des collèges, s’appelle souffler. Il faut pour cela qu’il soit prudent, et sache bien discerner quand l’acteur s’arrête à propos et fait une pause nécessaire, pour ne lui rien suggérer alors, ce qui le troublerait au lieu de le soulager. J’en ai vu en de pareilles rencontres crier au souffleur trop prompt de se taire, soit pour n’avoir pas besoin de son concours, soit pour faire voir qu’ils sont sûr de leur mémoire, quoi qu’elle put leur manquer. Aussi faut-il que celui qui suggère s’y prenne d’une voix qui ne soit, s’il est possible, entendue que du théâtre, et qui ne se puisse porter jusqu’au parterre, pour ne donner pas sujet de rire à de certains auditeurs qui rient de tout, et font des éclats à quelques endroits de comédie où d’autres ne trouveraient pas matière d’entrouvrir les lèvres. Aussi ai-je connu des acteurs qui se fient entièrement à leur mémoire, et qui à tout hasard aiment mieux sauter un vers, ou en faire un sur le champ. Il y a entre eux des mémoires très heureuses, et il se trouve des acteurs qui savent par cœur la pièce entière, pour ne l’avoir ouïe que dans la lecture et dans les répétitions. Si quelqu’un qui sont avec sur le théâtre vient à s’égarer, ils le remettent dans le chemin, mais adroitement et sans qu’on s’en aperçoive. J’ai remarqué que les femmes ont la mémoire plus ferme que les hommes ; mais je les crois trop modestes pour vouloir souffrir que j’en dise autant de leur jugement.
Les remarques et les réflexions de Chappuzeau n’ont pas cessé d’être exactes, même la dernière, bien qu’elle sorte de son sujet. Il faut ajouter que la fonction du souffleur exige à la fois beaucoup de tact, de discrétion, d’attention et d’adresse. Un comédien sûr de sa mémoire peut être absolument troublé par une intervention inopportune du souffleur ; tel autre, au contraire, aura besoin, que celui-ci lui envoie son rôle d’un bout à l’autre, ligne par ligne, mot par mot pour ainsi dire ; tel autre encore, bien qu’ayant peu besoin d’être soutenu, pourra être très gêné, très mal à l’aise s’il voit le souffleur distrait ou inattentif. Il faut donc que celui-ci se mette bien au courant des habitudes, des besoins de chacun, et qu’il agisse en conséquence.

L’emploi de souffleur a été tenu parfois par des artistes et de vrais lettrés ; on peut citer particulièrement Anseaume, l’auteur de tant de jolis livrets d’opéras-comiques : le Tableau parlant, l’École de la Jeunesse, les Deux Chasseurs et la Laitière, etc., qui remplit cet office sa théâtre de la Comédie-Italienne, de même que Lachiffard, un vaudevilliste fécond, qui l’y avait précédé. Ceci, à la vérité, est exceptionnel. Assez fréquemment, cet emploi est tenu par un vieux comédien, que l’âge a mis dans l’impossibilité de continuer sa profession ; dans les théâtres de province, il est parfois exercé par une femme. Celle-ci prend, naturellement, la qualification de souffleuse.
Les Italiens, pour désigner le souffleur, emploient le terme de suggeritore.
 

Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885

 

Souffleurs (de théâtre)
Le souffleur se dissimulait autrefois dans les coulisses, et il avait emprunté son non nom à l’argot des collégiens « Il est de sa charge de tenir la pièce à une des ailes du théâtre tandis qu’on la représente, et d’avoir s’il tombe en quelque défaut de mémoire, ce qui, dans le style des collèges, s’appelle souffler ». De l’autre côté de la scène se tenaient les violons composant l’orchestre ; au fond, à droite et à gauche, touchant et gênant les acteurs une foule d’intrus, puis, sur le devant, des soldats, l’arme au pied. « Les acteurs, une foule, l’arme au pied. « Les acteurs, dit encore Chappuzeau, on souvent de la peine à se ranger sur le théâtre, tant les ailes sont remplies de gens de qualité qui n’en peuvent faire qu’un riche ornement ». La princesse Pataline écrivait un demi-siècle plus tard : « La scène est encombrée de monde, de sorte que les acteurs n’ont pas de place pour jouer ». Cette coutume dura jusqu’en 1769.
A la fin du dix-huitième siècle, le souffleur avait pris la place qu’il occupe aujourd’hui, et Sébastien Mercier écrivait vers 1780 : « Quand le souffleur ferme sa trappe, cela veut dire que la pièce est finie. La soldatesque, le fusil sous le bras, les coulisses garnies de femmes de chambre et ce trou ridicule font évanouir toute illusion ».
 

Dictionnaire historique des arts, métiers et professions. Exercés depuis le 13 siècle. Alfred Franklin, E. Welter éditeur, 1906 

 

nom masculin
Ouvrier chargé dans l’orgue, de la manœuvre des soufflets. L’emploi de l’électricité, dans les grands instruments modernes, y supprime le travail des bras.
 

Dictionnaire de musique Michel Brenet,  1926

 

nom masculin
Celui qui souffle aux acteurs, à la représentation d’un drame quelconque, les paroles, qui peuvent échapper à leur mémoire. A l’Opéra, c’est le chef d’orchestre qui est chargé de ce soin.
 

Dictionnaire de musique, Soulier, 1880

 

Du latin sufflare

C’est un homme qui est au-devant du théâtre et de l’orchestre et placé plus bas, de manière  n’être vu et entendu que des acteurs, pour suivre attentivement, sur la pièce manuscrite ou imprimée, ce que les acteurs ont à dire, et le leur suggérer si la mémoire vient à leur manquer. Peu rétribué, l’emploi de souffleur est très utile et parfois aussi fort pénible. La capote en bois qui couvre le souffleur nuit extraordinairement à l’illusion. On peut s’en convaincre lorsqu’a lieu un ballet, et que cette niche est enlevée, le théâtre paraît même plus grand, et l’on voit les acteurs en entier. En Angleterre, le souffleur n’est point visible ; il y en a ordinairement autant que d’acteurs ; ils se placent dans les coulisses parallèlement à l’acteur.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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