Solarisation

Procédé radiographique mis au point par Man Ray

Lee Miller fut le modèle, l’élève et la compagne du photographe. Elle permit à Man Ray de découvrir la solarisation. Elle pose pour lui, il lui transmet son art, lui apprend notamment à user des gros plans, à privilégier les angles inattendus, à isoler un personnage de son contexte, à retoucher une image…
En 1929, développant des négatifs de nus, Lee Miller sent quelque chose – une souris ? un cafard ? – lui passer sur le pied.

« Elle pousse un cri de frayeur, allume la lumière. Man Ray accourt et a la judicieuse idée de plonger les négatifs dans le fixateur : il vient de pratiquer sa première solarisation sans le savoir. « Les noirs devinrent blancs, une ligne apparut sur le contour des corps qui semblaient nimbés de halos », écrira-t-il dans ses Mémoires. « Cette découverte accidentelle était de mon fait, racontera Lee Miller. Mais c'est Man Ray qui sut la maîtriser pour qu'à chaque fois elle donne les résultats qu'il souhaitait. [...] Il avait un don unique pour enrôler le hasard dans un processus créatif. » Il n'en fallut pas plus pour relancer l'inspiration du photographe. Il commença par solariser sa compagne, puis d'autres artistes tel Georges Braque. Son portrait, au rendu extrêmement graphique, presque crayonné par endroits, estompé par d'autres, donne au peintre cubiste un côté mystérieux, surréel. Plus étonnant encore, ce tirage de la chanteuse et actrice Suzy Solidor (1900-1983). Homosexuelle revendiquée, elle pose nue, les mains sur les seins. Sous l'effet de la solarisation, ses ongles vernis deviennent argentés, tranchants, ce qui contraste avec la douceur de son sourire.

Man Ray pratique également la solarisation dans ses œuvres d'art, comme le célèbre Primat de la matière sur la pensée, publié en 1931 dans la revue Le Surréalisme au service de la révolution. L'image, ténébreuse, figure une femme nue dont la peau semble se répandre sur le socle où elle est allongée. Là, poursuit Clément Chéroux, « l'effet de solarisation est poussé jusqu'à une quasi-dissolution des contours du corps. Dans les portraits, la technique est généralement employée avec davantage de retenue ou de discrétion. Elle ne dilue pas les formes mais semble au contraire les souligner d'un fin délinéament sombre. »[Télérama 08/08/2014]

« Si Man Ray n'a inventé ni la rayographie, ni la solarisation – William Henry Fox Talbot, en 1834, et Antoine Sabattier, en 1862, l'avaient fait avant lui –, il leur a donné une ¬dimension artistique inégalée. « Les rues sont pleines d'artisans admirables, soufflait l'artiste, mais il y a si peu de rêveurs qui passent à l'action. » [Télérama 08/08/2014]

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