Sexe, drogue et rock and roll, pas seulement un slogan mais un fait scientifique

La musique, un plaisir essentiel

cerveau et plaisir

L’écoute de la musique induit la fabrication d’opioïdes endogènes et ce mécanisme est essentiel pour éprouver des émotions positives et négatives à l’écoute de la musique. La prise de naltrexone, médicament pour traiter la toxicomanie et qui bloque les récepteurs opioïdes induit une anhédonie musicale temporaire, montrant que la musique utilise les mêmes voies de récompense que celles utilisées pour la nourriture, les drogues et le plaisir sexuel.
Ces travaux confortent l’importance de la musique dans l’évolution de l’espèce humaine.

Les opioïdes endogènes, essentiels dans le plaisir de l'écoute de la musique

Une étude menée par des chercheurs de l’Université McGill montre que le même système neuro-chimique impliqué dans les sensations de « plaisir du sexe, des drogues, de la nourriture  » est en jeu également dans le plaisir éprouvé par l'écoute de la musique.
Sexe, drogue et musique, c’est bien plus qu’un slogan, affirme A. Malik qui a co-réalisé cette étude : « En fait ces stimuli pourtant différents activent un même système de récompense à l'intérieur du cerveau et ils engendrent donc un même plaisir ». Ces travaux visaient à démontrer que les mêmes récepteurs opioïdes sont activés par la musique.

Les chercheurs ont prescrit à des volontaires de la naltrexone [1], un médicament qui bloque temporairement les récepteurs opioïdes du cerveau, produit prescrit habituellement comme traitement de la toxicomanie.
Après la prise du produit, les participants ont écouté leurs musiques préférées et ils constataient alors qu’ils étaient dans l’incapacité d’éprouver un quelconque plaisir à l’écoute de ces musiques.
A l’inverse, lorsqu’on demandait aux participants d’écouter les musiques qu’ils détestaient, ils constataient alors que le sentiment de colère qu’ils ressentaient auparavant s’était sérieusement émoussé.
Pour les chercheurs, les commentaires des participants de l’étude ont été tout aussi remarquables que les résultats. L’un a dit : « Je sais que c’est ma chanson préférée, pourtant je ne la ressens pas comme d’habitude » ; un autre a dit : « ce sont de jolies sonorités, mais cela ne me fait rien ».

Ces résultats montrent que les récepteurs opioïdes et les opiacés endogènes sont essentiels pour éprouver du plaisir ou une réaction émotionnelle forte en écoutant ou en pratiquant de la musique.
Le plaisir sexuel, des drogues, de la nourriture et de la musique prennent leur origine dans les mêmes zones cérébrales et obéissent à des processus neurochimiques similaires. Pour les chercheurs de cette étude, l’universalité de la musique et sa capacité à affecter aussi profondément les émotions suggèrent « l’idée que la musique a été importante dans notre évolution puisqu’elle partage un chemin avec des comportements indispensables à la survie de l’espèce comme la sexualité. La musique a également eu un effet positif sur le plan évolutif en renforçant le sens d’appartenance et lien social.»

Rédacteur Docteur Arcier pour Médecine des arts®
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Source

Adiel Mallik, Mona Lisa Chanda, Daniel J. Levitin.  Anhedonia to music and mu-opioids: Evidence from the administration of naltrexone. Scientific Reports 8 February 2017

Note

[1] Médicament largement prescrit pour la prise en charge des troubles de toxicomanie et qui bloque les récepteurs aux opiacés produits naturellement dans le noyau accumbens, une structure du cerveau impliquée dans le système de récompense lié au plaisir sexuel et aux drogues.

 

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