Salle de spectacle

Salles où se jouent, Opéras, Drames, Comédies

C’est le lieu où l’on représente les opéras, les drames, les comédies, etc.,. La plus belle en France est celle de l’Opéra, qui a été bâtie dans les rues Granges-Batelière et Lepelletier, pour servir de théâtre provisoire. En 1850, elle a été restaurée avec un certain luxe. C’est M. Pould, ministre d’État qui a ordonné ces réparations importantes et qui les a fait exécuter aux frais de l’Etat. Les dépenses se sont élevées à 350,000 francs. Le style architectural qui domine maintenant dans la salle de l’Opéra est le style de la fin de Louis XVI marié à celui de l’Empire. L’ensemble est un peu lourd, mais les détails en sont extrêmement soignés et surtout très- brillants.

On a construit une nouvelle salle destinée au grand opéra, sur la place Scribe, sous la direction de M. Garnier, architecte, en remplacement de celle de la rue Lepelletier. Ce monument, dont les frais s’élèveront de trente à trente-cinq millions, est un des plus riches et des plus grandioses des deux mondes. La salle de l’Opéra-Comique est établie sur la place Favart, entre la rue Favart et la rue Grétry ; elle peut contenir environ dix-sept cents personnes. Celle du Théâtre-Italien a été élevée sur la place Ventadour et c’est certainement une des plus élégantes de Paris. Elle a la môme forme et la même dimension que celle de l’Opéra-Comique.

Les salles de spectacle en Italie sont plus grandes, plus belles et surtout beaucoup mieux construites que les nôtres. Leur forme est, en général, celle d’un cercle parfait, coupé par son diamètre régulier, dont une moitié appartient aux spectateurs, l’autre à la scène. On n’a pas en Italie, comme en France, la détestable manie d’étrangler l’avant-scène entre deux énormes massifs de constructions à colonnes énormes, ou à pilastres pleins plus lourds encore, qui masquent la scène aux personnes placées dans les quatre ou cinq premières loges des deux côtés, du haut en bas. Les Italiens ont une excellente manière de construire leurs salles de spectacles ; ainsi dans la salle Saint Charles, à Naples, la plus grande de toutes, on compte six rangs de loges, quarante-deux loges à chaque rang, pouvant contenir douze personnes chacune, et malgré cette prodigieuse dimension, on entend parfaitement de toute part. La salle du théâtre royal de Turin est vaste, mais elle déroge par la forme, qui est un peu ovale. Dans sa construction il n’est entré que de la pierre et du fer, et elle se trouve ainsi à Pabri des dangers de l’incendie. La plus vaste salle, après San-Carlo, est celle de la Scala à Milan. A Florence, on admire celle de la Pergola, à Rome, celle d’Argentina ; à Venise, celle de la Fenice ; à Gênes, celle du Carlo Alberto.
 

Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

Les premiers théâtres furent construits par les Grecs.
Ils étaient bien autrement vastes que nos plus grandes salles de spectacle modernes.
La scène représentait : un palais avec des colonnes et des statues, si l’on devait jouer une tragédie ; un édifice particulier, si l’on donnait une comédie ; enfin des maisons rustiques entourées d’arbres, des rochers, et tout ce qui compose une vue de la campagne, lorsqu’on mettait sous les yeux du public une pièce du genre satirique ou comique.

Grâce à l’étendue de la scène, la vraisemblance était plus réelle. Les illusions de la perspective, la variété des reliefs produisaient des effets que nos théâtres, depuis la Grèce et la Rome ancienne, ne savent plus offrir aux spectateurs.

Un théâtre, pour être construit d’après les règles, à Athènes, devait représenter une place publique, le péristyle d’un palais ou l’entrée d’un temple de grandeur naturelle. Il devait être fait de telle façon qu’un personnage pût être vu par les spectateurs, tout en restant caché aux autres acteurs en scène, si cela était nécessaire à la vraisemblance de l’action. Mais la condition première qu’on observait chez les anciens, c’était qu’à toutes les places, quelles qu’elles fussent, la parole arrivât claire et distincte.

Les Grecs avaient de magnifiques salles de spectacle, édifices grandioses pour la construction et l’entretien desquels ils dépensaient des sommes énormes. Ainsi les ornements et les décorations pour les pièces d’Euripide et de Sophocle endettèrent, dit-on, la république d’Athènes.

Les Romains furent longtemps avant d’imiter les Grecs dans la construction de leurs théâtres. Ils les élevaient en bois, ne les faisant alors servir que quelques jours.
Le premier qui voulut qu’on bâtit un théâtre en pierre et en marbre, destiné à être un édifice durable, fut Pompée. Un autre théâtre fut construit par ordre de Marcellus e touvert par Auguste.

Les premiers théâtres qui ont pris place parmi les beaux édifices de Rome étaient calqués sur le modèle des théâtres grecs. Chacun d’eux avait un amphithéâtre en demi-cercle, entouré de portiques et garni de sièges en pierres environnant un espace appelé orchestre. En avant se trouvait la scène, grande façade décorée de trois ordres d’architecture ; en arrière de la scène, on réservait l’emplacement destiné aux acteurs, ce qu’on nomme de nos jours le derrière du théâtre, et ce qui comprend les coulisses, le foyer des artistes, les loges particulières et les accessoires nécessaires pour les costumes et les machines.

Le théâtre romain avait trois étages ; chaque étage, neuf rangs de degrés, en comptant le palier, qui séparait les étages et permettait de tourner autour de chacun d’eux. Le palier tenant la place de deux degrés, il en restait sept où l’on pouvait s’asseoir. Ainsi, chaque étage avait sept rangs de sièges.

Les places étaient marquées et distinctes, selon les fonctions ou la noblesse du spectateur. Par exemple, les chevaliers occupaient les quatorze premiers rangs du théâtre. Ils avaient donc pour eux le premier et le second étage. Le troisième était abandonné au peuple, avec le portique supérieur. C’était le parterre et ce qu’on est convenu d’appeler de nos jours le paradis, qu’on laissait au populaire.

Cet usage de démarcation n’exista pas cependant toujours. On commença par séparer les sénateur du reste des spectateurs ; plus tard, on étendit cette mesure aux chevaliers, puis enfin aux femmes, auxquelles on accorda le troisième portique.

Les théâtres grecs et romains étaient construits avec la plus grande magnificence. C’étaient de vastes enceintes accompagnées de portiques, de galeries couvertes et de guniconques. Plus de soixante mille spectateurs occupaient les différents étages de ces salles immenses ; et pour épurer et rafraîchir l’air, le hexe avait même imaginé des jets d’eau de senteur, qui, serpentait à travers les statues dont le sommet était garni, s’épanchaient de toutes parts en forme de rosée. Aucun édifice de ce genre n’égala le théâtre de l’Edile Aemilius Scaurus. Il était composé de 3 ordres d’architecture, et soutenu par trois cent soixante colonnes, dont les plus élevées étaient de bois doré, celles du milieu de cristal de roche, et les dernières de marbre de Crète, toutes de 38 pieds d’élévation. Dans les intervalles étaient rangées des statues de bronze au nombre de trois mille ; tout l’édifice contenait 80 000 spectateurs. Les tapisseries, les tableaux, les décorations, qui ornaient ce théâtre, étaient si précieux, qu’étant devenus quelques temps après sa construction la proie d’un incendie, on en estima la perte à 100 millions de sesterces équivalent à 12 millions de notre monnaie. Curion fit aussi construire 2 grands théâtres en bois si ingénieusement imaginés, qu’en les faisant mouvoir sur des pivots, on déplaçait à volonté, et la scène et les spectateurs. Pline nous apprend que le gendre de Sylla fit placer 3000 statues sur un seul théâtre. Le théâtre pouvant, comme nous l’avons dit, contenir un très grand nombre de spectateurs, et n’étant pas, comme de nos jours, restreint à des espaces relativement forts exigus, il était nécessaire, pour éviter l’encombrement, de laisser des dégagements en proportion avec la foule qui assistait au spectacle.

Les portes par où le peuple se répandait sur les degrés étaient donc disposées de telle sorte, entre les escaliers, que chaque escalier répondait par en haut à une de ces portes, et que toutes ces dernières, se trouvaient, par le bas, au milieu même des degrés, dont les escaliers faisaient la séparation. On ne saurait au reste donner une idée plus juste de cette combinaison, qu’en rappelant les tribunes qu’on élève sur nos places publiques, pour les fêtes, pour les courses et pour les grandes représentations destinées à être vues de la population tout entière, spectacles ou fêtes pour lesquels des places spéciales sont réservées à un public d’élite qu’on veut isoler de la foule.

On conçoit que les vastes théâtres des anciens nécessitaient une acoustique spéciale pour que les acteurs pussent se faire entendre de tous les spectateurs. On arrivait à la solution de ce problème par deux moyens factices : les masques qui couvraient la tête des acteurs en scène, les vases d’airain qu’on plaçait dans certaines parties de la salle et qui donnaient à la voix une sonorité singulière.

La scène se divisait en trois parties distinctes. La première partie, grande face de bâtiment s’étendant d’un côté du théâtre à l’autre, recevait les décorations : c’était la scène proprement dite. Deux petites ailes en retour, assez  semblables aux ailes des coulisses actuelles, terminaient cette partie. Une grande toile ou rideau, dans le genre de celui en usage sur nos théâtres, s’étendait entre ces deux ailes. Seulement le jeu de la toile n’avait pas la même signification que celui de la nôtre. Ainsi, chez les anciens, au lieu de lever cette toile au commencement de la pièce, ou la baissait ; au lieu de la baisser à la fin, on la levait.

Le fait est qu’elle servait de décoration plutôt que le rideau. Le fond du théâtre restait donc ouvert quand les acteurs n’étaient pas en scène ; il était fermé, au contraire, pendant le cours de la représentation.

La seconde partie, grand espace libre situé en avant de la troisième, était l’espace dans lequel se jouait la pièce.

La troisième partie, espace ménagé en arrière, était destinée aux acteurs et au jeu des machines.

On voir par ce court exposé des salles de spectacle chez les anciens, que nous avons copié leurs théâtres en beaucoup de choses, mais sur une petite échelle.

La représentation des trois tragédies de Sophocle coûta pus aux Athéniens que la guerre du Péloponèse. Les Romains affectèrent aussi des fonds énormes pour construire des amphithéâtres et même pour payer les acteurs. Rossius avait un revenu annuel de 75 000 livres. Jules César donna 60 000 livres à Sabianus pour engager ce poète à jouer lui-même dans une pièce de sa composition. AEsopus, contemporain de Cicéron, laissa en mourant, à son fils, une succession de 2 500 000 livres qu’il avait amassées à jouer la comédie.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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