Prologue

C’est un discours préliminaire, qui sert soit de préface, soit de point de départ à une œuvre théâtrale. L’abbé Sabatier de Castres le définit en ces termes :
L’objet du prologue chez les anciens, et originairement, était d’apprendre aux spectateurs le de la pièce qu’on allait représenter, et de les préparer à entrer plus aisément dans l’action, et à en suivre le fil. Quelquefois aussi il contenait l’apologie du poète, et une réponse aux critiques qu’on avait faites de ses pièces précédentes. On n’a qu’à lire, pour s’en convaincre, les prologues des tragédies grecques et des comédies de Térence. Les prologues des pièces anglaises roulent presque toujours sur l’apologie de l’auteur dramatique dont on va jouer la pièce. Les Français ont presque entièrement banni le prologue de leurs pièces de théâtre à l’exception des opéras. On a cependant quelques comédies avec des prologues, telles que les Caractères de Thalie, Ésope au Parnasse, etc. Mais Molière ni Regnard n’ont point fait usage des prologues ; aussi il n’y a, à proprement parler, que les opéras qui ayant conservé constamment le prologue (Ici, l’auteur se trompe. Molière a fait plus d’une fois usage du prologue Amphitryon, l’Amour médecin, la Princesse d’Élide.)
La première comédie en cinq actes et en prose qui ait été représentée sur un de nos théâtres, les Corrivaux (1562), œuvre d’un jeune poète mort à vingt ans de la peste, Jan de la Taille, était précédée d’un prologue à l’imitation des anciens, dans lequel l’auteur faisait son éloge au public : « Il semble, Messieurs, disait ce prologue, à vous voir assemblés en ce lieu, que vous y soyez venus pour ouïr une comédie. Vraiment, vous ne serez point déçus de votre intention. Une comédie, pour certain ; vous y verrez non point une farce, ni une moralité. Nous ne nous amusons point en chose ni si basse, ni si sotte, et qui ne montre qu’une pure ignorance de nos vieux Français. Vous y verrez jouer une comédie faite au patron, à la mode et au portrait des anciens Grecs et Latins, une comédie, dis-je, qui vous agréera plus que toutes (je le dis hardiment) les farces et les moralités qui furent oncques jouées en France. Aussi avons-nous grand désir de bannir de ce royaume telles badineries et sottises qui, comme amères épiceries, ne font que corrompre le goût de notre langage. »
Les prologues des opéras de Quinault et Lully, qui ne tenaient à l’action par aucun lien, si mince fût-il, ne formaient jamais qu’un long morceau d’adulation à l’adresse de Louis XIV. Cet usage se prolongea à l’Opéra pendant trois quarts de siècle, et ce n’est que dans les Paladins, de Rameau (1749), qu’on vit le prologue briller pour la première fois par son absence.
Dans le théâtre contemporain, le prologue n’est plus employé qu’exceptionnellement. Il y a une quarantaine d’années pourtant, un dramaturge qui eut de gros succès et qui jouit d’une réelle popularité, Bouchardy, le remit en honneur, et fit précéder presque tous ses mélodrames d’un prologue qui se passait quinze ou vingt ans avant le commencement de l’action proprement dite tout en la préparant, et dans lequel il était généralement question d’un enfant qui devenait ensuite l’un des principaux personnages de la pièces ensuite l’un des principaux personnages de la pièce. Dans le Sonneur de Saint-Paul, Gaspardo, Lazare le Pâtre et plusieurs autres drames, Bouchardy a mis en œuvre ce procédé
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885.

 

Sorte de petit opéra qui précède le grand, l’annonce et lui sert d’introduction.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872

 

s. m.
Sorte de petit opéra qui précède le grand, l’annonce, et lui sert d’introduction. Comme le sujet des prologues est ordinairement élevé, merveilleux, ampoulé, magnifique et plein de louanges, la musique en doit être brillante, harmonieuse, et plus imposante que tendre et pathétique. On ne doit point épuiser sur le prologue les grands mouvements qu’on veut exciter dans la pièce, et il faut que le musicien, sans être maussade et plat dans le début, sache pourtant s’y ménager de manière à se montrer encore intéressant et neuf dans le corps de l’ouvrage. Cette gradation n’est ni santie ni rendue par la plupart des compositeurs ; mais elle est pourtant nécessaire quoique difficile. Le mieux serait de n’en avoir pas besoin, et de supprimer tout-à-fait les prologues, qui ne font guère qu’ennuyer et impatienter les spectateurs, ou nuire à l’intérêt de la pièce, en usant d’avance les moyens de plaire et d’intéresser. Aussi les opéra français sont-ils les seuls où l’on ait conservé des prologues ; encore ne les y souffre-t-on que parce qu’on n’ose murmurer contre les fadeurs dont ils sont pleins.
Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau, 1767


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer

Formation Médecine des arts-musique

Cursus Médecine des arts-musique