Prix de Rome

Chaque année, au mois de mai, l’Académie des Beaux-Arts ouvre pour la musique, comme elle le fait pour la peinture, la sculpture, l’architecture et la gravure, un grand concours de composition connu sous la dénomination de concours de Rome. Ce concours, réservé aux seuls musiciens français ou naturalisés tels, et accessible à tous ceux qui n’ont pas accompli leur trentième année, est divisé en deux épreuves. La première, ouverte à tous ceux qui veulent y prendre part (il n’est point besoin pour cela d’être élève du Conservatoire), prend le nom de concours préparatoire : les concurrents, dont le nombre est illimité, entrent en loge, où ils restent dans cet espace de temps une fugue vocale à quatre parties et un chœur à quatre voix avec accompagnement d’orchestre. C’est sur ce travail qu’ils sont jugés par le jury, lequel est composé des six membres de la section de musique de l’Académie et de trois autres compositeurs, élus par les concurrents. Quels que soit le nombre de ces concurrents, le jury n’en peut désigner que six au plus pour être admis au concours définitif. Pour ce dernier, les élèves admis entrent en loge une seconde fois, et il leur est accordé vingt-cinq jours pour mettre en musique une cantate ou scène lyrique à trois personnage dont les paroles ont elles-mêmes été mises et choisies au concours, et dont l’auteur reçoit une médaille de 500 francs. Cette cantate doit être écrite avec accompagnement d’orchestre, et celui ou ceux des élèves qui ont terminé leur partition avant le délai de vingt-cinq jours sont libres de sortir de loge.
Ce temps expiré, chaque concurrent choisit à son gré les chanteurs à qui il lui plaît de confier l’exécution de sa cantate, et ces cantates sont exécutées en présence du jury dont nous avons fait connaître la composition. Ce jury émet alors un vote préparatoire sur les œuvres qui lui sont soumises ; mais le vote définitif et l’attribution des récompenses sont réservés à l’Académie des Beaux-Arts tout entière, sections réunies, devant laquelle a lieu une nouvelle exécution, et il n’est pas sans exemple que ce dernier jugement détruise complètement l’effet du premier.
Le premier prix accordant à l’élève qui se le voit attribuer l’avantage d’une pension de 3,000 francs pendant quatre ans, à la condition de faire un voyage d’au moins deux ans en Italie et en Allemagne, l’Académie n’en peut décerner qu’un chaque année (A moins qu’il n’en ait pas été décerné l’année précédente, ou qu’un pensionnaire soit mort au cours de sa pension . Dans ce cas, l’Académie a la faculté de décerner, s’il lui plaît, un deuxième premier prix ; mais celui-ci reçoit la pension que pour le temps qui reste à courir de celle qui se trouve libre. Elle peut à sa guise, accorder deux seconds prix et une ou plusieurs mentions honorables. Un autre avantage est attaché au premier prix de Rome : celui de faire représenter, à son retour en France, un ouvrage en un acte sur le théâtre de l’Opéra-Comique, à qui cette obligation est imposée par son cahier des charges. Il est vrai que cet avantage est beaucoup plus théorique que pratique, car la direction de l’Opéra-Comique, malgré la grasse subvention qu’elle reçoit de l’État, s’arrange presque toujours de façon à éluder une obligation qui n’a pourtant rien n’onéreux pour elle, et à frustrer indignement les jeunes compositeurs dans leurs légitimes espérances.
Herold, Halevy, Berlio, Aimé Maillart, MM. Ambroise Thomas, Gounod, Victor Massé, Duprato, Massenet, etc., ont obtenu naguère le grand prix de Rome.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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