Préluder

v. n.
C’est en général chanter ou jouer quelque trait de fantaisie irrégulier et assez court, mais passant par les cordes essentielles du ton, soit pour l’établir, soit pour disposer sa voix ou bien poser sa main sur un instrument avant de commencer une pièce de musique.
Mais sur l’orgue et sur le clavecin l’art de préluder est plus considérable ; c’est composer et jouer impromptu des pièces chargées de tout ce que la composition a de plus savant en dessin, en fugue, en imitation, en modulation et en harmonie : c’est surtout en préludant que les grands musiciens, exempts de cet extrême asservissement aux règles que l’oeil des critiques leur impose sur le papier, font briller ces transitions savantes qui ravissent les auditeurs. C’est là qu’il ne suffit pas d’être bon compositeur, ni de bien posséder son clavier, ni d’avoir la main bonne et bien exercée, mais qu’il faut encore abonder de ce feu de génie et de cet esprit inventif qui font trouver et traiter sur-le-champ les sujets les plus favorables à l’harmonie et les plus flatteurs à l’oreille. C’est par ce grand art de préluder que brillent en France les excellents organistes, tels que sont maintenant les sieurs Calvière et Daquin, surpassés toutefois l’un et l’autre par M. le prince d’Ardore, ambassadeur de Naples, lequel, pour la vivacité de l’invention et la force de l’exécution, efface les plus illustres artistes, et fait à Paris l’admiration des connaisseurs.
Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau, 1767


 

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