Pont-neuf
C’est sous ce nom qu’on désigne les vieux airs de vaudeville ou de chanson qui sont depuis longtemps entrés dans le domaine public et dont chacun connaît les titres ou les timbres (Voyez ce mot). Les airs de nos vieilles chansons : Au clair de la lune, M. de Malbought, J’ai du bon tabac, constituent autant de ponts-neufs, de même que ceux connus sous ces titres : Dans les gardes françaises, Que ne suis-je la fougère ? Va-t-en voir s’ils viennent, Jean, etc. Cette appellation de pont-neuf vient de ce qu’autrefois, particulièrement au dix-septième siècle, le Pont-Neuf était le rendez-vous de tous les chanteurs ambulants de Paris, qui débitaient là leur marchandise, et faisaient entendre à tout venant les airs faciles et naïfs de ces chansons, qu’on baptisa de la sorte pour les caractériser ? Aussi, lorsqu’on veut parler d’un air plat, trivial, sans accent et sans couleur, on dit dédaigneusement : C’est un pont-neuf. Pendant plus d’un siècle, les ponts-neufs classiques ont défrayé à eux seuls toute la musique de nos théâtres de vaudeville.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885
On appelle ainsi de petits airs et même de simples refrains gothiques, sans mesure, sans rhythme, d’une modulation triviale et vulgaire. Les ponts-neufs ont été quelquefois admis à l’Opéra-Comique, et l’on a applaudi avec transport Toto Carabo, Au clair de la lune, Malboroug, Ah ! vous dirai-je, maman, que quelques compositeurs ont daigné mêler à leur périodes harmonieuses. Le peuple parisien cria au miracle. Mais les connaisseurs ne tolèrent ces sortes d’emprunts que quand un travail harmonique, élégant et pur, un dessin hardi vient leur servir d’excuse.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872
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