Point de vue

Peinture

Nom masculin
Est, soit le point qu’occupe un objet vers lequel se porte la vue, soit le point où est placé celui dont la vue se porte sur cet objet.
Dans la première de ces deux acceptions, on dit : beau point de vue, point de vue éloigné, vaste point de vue, pour succession agréable ou nombreuse d’objets qu’embrasse la vue.
La seconde donne lieu à ces phrases : bon point de vue ; se placer au vrai, au meilleur point de vue ; point de vue bien choisi, etc.
En peinture, le point de vue, tant celui de l’objet que celui du spectateur, est déterminé par la position respective suivant laquelle un des rayons partant de l’œil de ce dernier se trouve perpendiculaire à la toile sur un point qui doit être aussi le point d’intersection d’une ligne verticale et d’une ligne horizontale que l’on supposerait tracées sur cette toile (Voir Horizon). A ces conditions, le peintre détermine la place du point de vue de son tableau, c’est-à-dire qu’il dispose et représente tous les objets de sa composition pour être vus chacun sous l’aspect sous lequel le verrait un spectateur placé, relativement à l’un d’eux dans la nature, comme l’est le spectateur du tableau relativement au point de vue déterminé dans ce dernier de la manière que nous venons de dire. A ce compte rigoureux, pour voir dans un tableau tout ce que présenteraient et rien que ce que présenteraient dans la nature, les objets solides qu’il figure, il faudrait se tenir constamment immobile au point de vue déterminé par le peintre, et d’où vient lui-même voyait ces objets quand il les a représentés. D’une part, en effet, les objets fixés sur la toile ne se présentent que sous un seul aspect invariable, et d’autre part, nous ne saurions faire un mouvement, en quelque sens que ce soit, sans que l’aspect des corps solides change à notre vue, sans qu’il s’en dérobe certaines parties, tandis que d’autres se découvrent. Toutefois, on voit fort bien un tableau de plusieurs points de vue, comme quand on passe devant, qu’on le parcourt, non pas seulement des yeux, mais en marchant de droite à gauche, ou de gauche à droite ; c’est qu’alors par une puissante et singulière illusion du sens de la vue, il nous semble que le tableau tourne sur lui-même pour tenir les objets qu’il représente toujours en même rapport avec nos yeux.
Cette illusion provient de ce que l’image en peinture ne changeant point pour nous d’aspect, bien que nous nous mouvions devant elle, l’effet est exactement identique à celui que produirait l’objet lui-même s’il se mouvait d’un mouvement correspondant au nôtre, comme serait par exemple, de faire un quart de conversation sur lui-même, tandis que nous décririons le quart d’un cercle dont il serait le centre, en sorte que rien ne changeât dans les conditions respectives.
Or, l’effet étant le même, l’imagination se figure la même cause.
Cet effet d’optique, qui, bien que constant, échappe le plus souvent à l’attention, est cependant assez ordinairement frappant dans une figure isolée, vue de face, en regard du spectateur ; quelque mouvement que fasse alors celui-ci, de quelque côté du tableau qu’il passe, la figure pointe semble tourner sur elle-même, par un mouvement correspondant au sien, et le suivre des yeux. On se plaît quelquefois à ménager de ces illusions optiques dans les peintures de plafonds.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


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