Pleurs

Pleurer sur scène

Du latin Plorare

Larmes abondantes ; plaintes ; gémissements
L’acteur doit bien se garder de s’exciter aux larmes ; mais aussi il ne doit pas faire le moindre effort pour les arrêter, si elles viennent naturellement. Celui qui veut pleurer par force, fait des grimaces qui choquent ou font rire ; mais lorsqu’on pleure sans le vouloir, il arrive rarement que l’expression de la physionomie déplaise.
La bouche ne doit en général prendre de mouvement que pour rire ; mais dans les moments d’ironie, de mépris, de colère, de rage, de désespoir, l’expression de la bouche, le grincement des dents produisent beaucoup d’effet.

Le plus beau triomphe d’un acteur, est celui où le spectateur oppressé, cédant tout à fait à l’illusion, ne peut résister à l’émotion qu’il éprouve, et donne un libre cours à ses larmes. Démonstration plus flatteuse pour l’artiste, que les applaudissements les plus bruyants. Le don des larmes ne suppose pas toujours le discernement qui doit les diriger ; il faut sentir, en répandant des larmes, jusqu’où l’on en doit verser. Il y a bien plus de grâce et de noblesse à en répandre peu que d’en verser un torrent, qui n’exprimerait que faiblesse ou lâcheté.

Il ne faut pas faire trop pleurer les héros et les héroïnes au théâtre ; de même qu’un seul mot placé dans le discours produira quelquefois plus d’effet qu’une affluence de paroles, quelques pleurs ou un soupir peindront mieux la douleur que des larmes éternelles qui dégénèrent en bassesse et n’inspirent presque toujours que du mépris.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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