Plancher de la scène

Le plancher d’un théâtre est chose essentiellement mobile. Composé de fragments juxtaposés et reliés entre eux d’une façon toute particulière, divisé en diverses séries régulières de trappes et de trappillions, il pourrait disparaître en quelques minutes et être remis en place dans le même espace de temps. Chacun de ses fragments peut être déplacé et aussitôt remplacé par d’autres fragments tenus en réserve dans les dessous, ce qui a lieu à chaque instant pour le jeu des trucs et des décors. En effet, quand une trappe s’ouvre pour livrer passage soit à un individu, soit à un objet quelconque, soit à une machine qui engloutit dans les dessous dix, vingt, et jusqu’à cent personnes, l’espace resté vide est aussitôt recouvert par une ou plusieurs autres feuilles de parquet, qui viennent rendre au sol de la scène son égalité et son unité. Le plancher s’appuie sur une série de sablières, solides charpentes transversales qui sont, avec les poteaux qui les soutiennent, les seuls points fixes des dessous et les uniques supports des trappes et des trappillons. « Ce système de fermes de charpente, dit J. Moynet, ne constitue pas un ensemble bien stable, puisqu’on ne peut les relier par un chainage régulier, à cause de la nécessité de laisser passer partout de grand objets, qui ne doivent rencontrer aucun obstacle. On a remédié à cet inconvénient au moyen d’une grande quantité de crochets mobiles en fer, qu’on décroche quand un manœuvre se fait et qui maintiennent, tant bien que mal, l’écartement entre les fermes ; je dis tant bien que mal, les masses qui se meuvent journellement sur les planchers, les décors équipés dans le dessous qui empêchent momentanément l’emploi des crochets, et beaucoup d’autres causes tendant toujours à déverser l’ensemble sur la salle. De là de nombreuses déviations qui, bien souvent, arrêtent une manœuvre au milieu de son développement ; de là aussi l’inclinaison dans la direction de la salle que prennent peu à peu les châssis, inclinaison qui les empêche souvent de se raccorder avec leurs plafonds, etc. On a essayé et on cherche de nouveau un système meilleur. La solution n’est pas encore trouvée. Le plancher du théâtre étant une chose essentiellement mobile, on ne peut obtenir la stabilité qu’en lui retirant sa qualité principale, la mobilité. »
Nous ne pouvons ici, pour ne pas faire double emploi, donner plus de détails sur le plancher de la scène, sur ses divisions ordinaires et sur ses particularités. Nous renvoyons le lecteur curieux d’en savoir davantage aux mots Costière, Mat, Plans, Rue, Trappe, Trappillon.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885


 

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