Pierre Aertsen

Peintre né à Amsterdam

Peintre né à Amsterdam en 1519, mort dans la même ville en 1573. Placé chez Alaërt Classen, peintre de réputation, il acquit une manière hardie et fière qui n’appartient qu’à lui seul ; et, dès l’âge de 17 ou 18 ans, il devint célèbre. L’académie d’Anvers s’empressa de le mettre au nombre de ses membres. Il était venu dans cette ville pour étudier les grands maîtres qui forment la riche collection de la maison de Bossu. Les premiers ouvrages de cet artiste furent des cuisines et leurs ustensiles, rendus avec une vérité qui faisait illusion ; car personne n’a mieux colorié que lui. On n’aurait jamais cru qu’après avoir choisi ce genre dans lequel il a excellé, il eût réussi à peindre l’histoire au point de se faire admirer.

Dans un tableau que la ville d’Amsterdam lui fit faire, et qui représentait la mort de la sainte Vierge, on fut étonné de trouver des figures bien drapées, un nu savant, une couleur chaude et vraie. Ce morceau était inestimable. Cependant Sandrart rapport qu’il ne lui fut payé que deux milles couronnes. Cet auteur ajoute que la même ville d’Amsterdam ayant jeté les yeux sur lui pour le tableau du grand autel de l’Eglise neuve, on fit venir de Malines, avant de lui en faire la proposition, Michel Coxcie, qui refusa de travailler en voyant les ouvrages d’Aertsen ; et que, surpris du prix modique que ce peintre en avait reçu, il dit que, quand on avait un peintre de cette espèce, il n’était pas besoin d’en faire venir d’ailleurs. Malheureusement ce tableau, d’une force extraordinaire, ainsi que quelques autres qu’Aertsen avait faits, soit dans cette ville, soit à Delft, furent détruits dans les troubles des guerres : il n’en reste que les cartons.

On ne doit pas être surpris que ce peintre, jaloux de laisser à la postérité ses productions, conçut beaucoup de chagrin de les voir ainsi périr sous ses yeux. Ses murmures, poussés quelquefois jusqu’à l’indiscrétion, sont certainement bien excusables. Il est cependant assez échappé de ses ouvrages répandus en Hollande, pour faire juger qu’Aertsen avait un génie propre aux grandes machines, où la vigueur était soutenue par celle de la couleur. Il entendait bien les fonds, l’architecture et la perspective : il enrichissait ses compositions par des animaux ou autres choses qui pouvaient y avoir rapport : il était extraordinaire dans les draperies et les ajustements de ses figures, qui ressemblaient quelquefois à des masques. Cette singularité paraissait lui être propre.

Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs. Ouvrage rédigé par M. l'Abbé de Fontenai. 1776


 

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