PHÉNICIENS (musique des)

Musique des Phéniciens

La musique des Phéniciens d’après Fabre d’Olivet, qui est notre guide dans ce travail historique, se divisa en autant de branches et forma autant de systèmes particuliers qu’il y eut de sectes. Ces diverses sectes qui donnèrent leurs noms aux peuples chez lesquels elles dominèrent, servirent aussi à désigner l’espèce de musique qu’elles adoptèrent de préférence. De là le mode lydien, le phrygien, le dorien, l’ionien, etc., etc. C’est-à-dire le mode de Vénus ou de la faculté génératrice universelle ; celui du chef ou du roi-pasteur ; celui de la liberté ou de la force mâle ; celui de la colombe ou de la nature féminine. Les divers modes que l’on retrouve chez les Grecs eurent chacun leur caractère propre. Celui de tous qui paraît avoir été le plus généralement adopté en Phénicie, était le mode appelé vulgairement commun et que les Grecs ont connu sous le nom du mode locrien, ce qui signifie mode caractéristique de l’alliance. La corde fondamentale de ce mode était le la, celle qui dominait sur le système musical phénicien, la première à l’aigu, et même au grave quand elle y eut été ajoutée. Comme cette corde était assimilée à la lune, qui tenait le premier rang parmi les divinités de ces peuples amazones, c’est-à-dire dévoués à la nature féminine, on donna au mode qu’elle constituait le surnom de lyn qui veut dire astre nocturne et suivant l’usage de ces temps, on en fit un personnage mythologique, qui passant par la suite pour un fameux musicien, fut cité comme le maître à chanter d’Hercule. Cependant Hérodote dit formellement que c’était une sorte de chant usité en Egypte, qui, du sein de la Phénicie avait passé en Europe. Cette sorte de chant qu’il appelle limos, était selon lui d’un caractère triste et mélancolique. Ceci revient précisément à l’idée que les Chinois modernes conservent encore de ce mode phénicien, dont ils désignent la tonique la par l’épithète expressive de kou-si, lamentation occidentale. Au moment où les pasteurs démembrèrent l’empire indien, et formèrent la fameuse secte qui donna naissance à la nation phénicienne, il paraît qu’ils choisirent pour désigner les sept sons diatoniques de leur système musical les sept voyelles de leur alphabet, de manière que la première de ces voyelles alpha ou A, était appliquée au principe cyprien fa qu’ils regardaient comme le premier, et que la dernière, âin, que les Grecs rendent par omega et que nous remplaçons par ou, était appliquée au principe saturnien si qu’ils considéraient comme le dernier. On peut croire que ce fut par une suite naturelle de cette manière de noter les deux cordes musicales assimilées aux deux principes de l’univers, que naquit le fameux proverbe mis dans la bouche de l’Être suprême pour désigner sa toute puissance et son immensité :

JE SUIS L’ALPHA ET L’OMÉGA

Cependant, soit que les Phéniciens eussent deux manières de noter les sons, soit qu’ils les considérassent comme procédant par intervalles harmoniques, si-mi-la- ré-sol-ut-fa, ou diatoniques , si-ut-ré-mi-fa-sol-la , ou bien que le temps ou les révolutions politiques et religieuses eussent apporté quelques changements à leur notation, on voit clairement, par plusieurs passages des anciens, que la corde la, assimilée à la lune et tonique du mode commun ou locrien, était notée par la voyelle A ; en sorte que la gamme entière chantée de l’aigu au grave se solfiait sur le son des sept voyelles phéniciennes, inconnues aujourd’hui, et en allant de l’aigu au grave, par conséquent de droite à gauche, au lieu du grave l’aigu gauche pasteurs, en se séparant de l’Empire indien, prirent celte méthode, qu’ils communiquèrent à tous ceux qui dépendirent d’eux, soit directement, soit indirectement. Les Egyptiens, les Arabes, les Assyriens, les Grecs les Etrusques, la reçurent et la conservèrent plus ou moins longtemps, suivant les circonstances. Les Arabes et tous ceux qui ont reçu le joug de l’islamisme, la suivent encore aujourd’hui.

Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872


 

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