Pétrarque

Opéra en cinq actes et six tableaux, livret de MM. Hippolyte Duprat et J. Dharmenon, musique de M. Hippolyte Duprat, représenté pour la première fois à Paris le 11 février 1880, au théâtre de l’Opéra-Populaire. Le public parisien, subissant l’influence des sectaires de la mélopée infinie et indéfinie, s’est montré de parti pris intolérant envers cet ouvrage conçu dans la forme des opéras italiens de Donizetti et de Mercadante. On ne saurait nier qu’il y ait des réminiscences dans cet opéra de Pétrarque ; mais il renferme de fort beaux fragments d’une inspiration réelle, la romance de Pétrarque en présence de la tombe de Laure, et, dans un tout autre genre, la farandole, dont la mélodie est aussi franche que l’effet scénique en est charmant. La longueur démesurée de la partition a nui certainement à l’effet de la représentation à Paris. On l’a allégée un peu ; mais pour sauver le navire, on ne doit pas hésiter à jeter par-dessus le bord les fardeaux les plus pesants. Ce n’est pas à l’égard du compositeur que la critique pouvait se montrer aussi sévère, mais bien envers les librettistes qui ont altéré, en le vulgarisant, cet amour platonique dont les grands poètes seuls sont susceptibles, qui leur fait tant d’honneur et qui entoure d’une chaste auréole le front de celles qui ont su l’inspirer.
Il me semble qu’il n’était pas nécessaire, pour exciter l’intérêt, de transformer en une maîtresse ordinaire la belle Laure de Noves, cette vertueuse mère de famille, crebis partubus fessa, a dit d’elle Pétrarque lui-même.
Les auteurs se sont ainsi privés de l’élément qui donne le plus de force à une œuvre lyrique ou dramatique, le caractère. Sans le caractère spécial de cette passion, Pétrarque n’aurait pas consacré à l’immortalité de Laure ses 318 sonnets et 88 canzone. Ces relations platoniques ne sont jamais démenties et on trouve encore la marque dans le dernier poème que lui inspira son tombeau et qui commence ainsi :

Qui riposan quel caste et felici ossa
Di quell’ alma gentile et sola in terra.

L’opéra de Pétrarque a été chanté à Paris par MM. Waret, Plançon, Doyen ; Mmes Perlani et Jouanny.

Dictionnaire des Opéras. Dictionnaire Lyrique. Félix Clément, 1881


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