Perte auditive des musiciens, une confirmation formelle

Etude épidémiologique

Si les études sur les problèmes auditifs sont nombreuses, un grand nombre sont partielles et comportent des biais tels que des problèmes de santé peu documentés ou un nombre de participants faibles. Sur ces bases certains auteurs (Karlsson, Lundquist et Olaussen [3]) ont même contesté la validité des résultats indiquant de plus que les critères d’exposition au bruit concernant le bruit industriel n’étaient pas valides pour être utilisés comme des critères pertinents pour analyser l’exposition des instruments acoustiques.

L’étude de Tania Schink [4] vient balayer cette critique et apporte un élément conclusif au moins sur le risque d’atteinte auditive des musiciens. Les musiciens professionnels présentent un risque très significativement plus élevé d’atteinte auditive due à de haut niveau sonore que la population générale.
L’étude menée par Tania Schink est la plus vaste menée à ce jour auprès des musiciens professionnels. La méthodologie est particulièrement intéressante car il s’agit d’une étude de cohorte épidémiologique.

Etude de cohorte
L’approche de cohorte consiste à recruter des sujets indemnes de la pathologie d’intérêt et de les suivre au cours du temps pour identifier au niveau individuel la survenue de cette pathologie.

Les études de cohorte consistent à observer la survenue d’événements de santé dans le temps au sein d’une population définie. Elles permettent, notamment, d’évaluer les liens entre des facteurs dits d’exposition d’une part et la survenue d’événement de santé d’autre part.
Développées principalement dans une perspective de recherche étiologique, elles permettent de maitriser un certain nombre de biais, et apportent ainsi des arguments sur l’éventuelle relation causale entre les expositions et les événements de santé mesurés.

Afin d’étudier le risque auditif des musiciens, les chercheurs ont utilisées une base de données sûre et documentée puisqu’il s’agissait des dossiers issus de trois organismes d’assurance allemand recouvrant les années 2004 à 2008 et concernant 7 millions d’assurés.
Plus de 3 millions d’assurés âgées de 19 à 66 ans ayant un emploi soumis à la sécurité sociale ont été inclus dans la cohorte, dont 2227 pouvaient être identifiés comme des musiciens professionnels. Ces personnes n’avaient pas connue dans les 12 mois précédents l’enquête de perte auditive. Le code de la Sécurité Sociale correspondant « aux musiciens » englobait les musiciens rock et pop ou classiques, les chanteurs, chefs d’orchestres et compositeurs et qui avait été professionnel du 1er janvier au 31 décembre 2008.

[3] Karlsson K, Lundquist PG, Olaussen T. The hearing of symphony orchestra musicians. Scand Audiol 1983;12:257–64.
[4] Tania Schink, Gunter Kreutz, Veronika Busch, Iris Pigeot, Wolfgang Ahrens. Incidence and relative risk of hearing disorders in professional musicians. 30 avril 2014. BMJ.

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