Parti
Peinture
Nom masculin
Prendre un parti, se dit en parlant de l’ordonnance d’un tableau, particulièrement en ce qui concerne la disposition des masses d’ombre et de lumière. Dans l’arrangement des objets, tel que le présente la nature, il arrive souvent que la lumière venant de divers points, ou s’étendant trop uniformément, ne donne que des ombres faibles, sans marche bien réglée, confuses, les unes provenant d’un jet de lumière, les autres d’un autre, et toutes plus ou moins atténuées par la lumière ambiante ; ou bien encore que les figures éparses et les autres objets, sans consistance, sans caractère, sans liaison entre eux, ne donnent ni les lignes ni les masses voulues pour une belle ordonnance pittoresque. Dans l’un et l’autre cas, la marche de la lumière et celle de la ligne de composition seraient vagues et incertaines. Su cela, l’artiste prend un parti ; il sépare en quelque sorte la lumière des ténèbres, et les rassemble chacune de leur côté pour qu’elles se fassent valoir l’une l’autre, en établissant une juste opposition des jours et des ombres, et de même il rassemble et forme en groupe les figures et les accessoires de son sujet pour en obtenir des masses qui se balancent ou contrastent entre elles. Si ces parties d’ombre et de lumière sont larges et tranchées ; si ces masses, opposées les unes aux autres, sont fortes et bien distinctes, on dit qu’il a pris dans ce tableau un grand parti. Si, au contraire, les choses avaient été laissées dans ce vague et cette confusion dont il a été parlé d’abord, on dirait que le peintre n’a pas pris de partie.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911
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