Pâleur

Blancheur du visage

Du latin pallidus

Absence apparente de la circulation du sang dans la physionomie. La pâleur naît de la peur, du saisissement, de l’effroi. Le sang n’arrive plus alors dans les vaisseaux capillaires de la peau du visage ; l’expression ex sanguis des latins définit bien la nature physiologique de ce caractère. Dans la tristesse, la haine et la jalousie, la décoloration a une autre cause, elle vient d’altérations plus profondes, moins passagères et liées à un dérangement dans les fonctions du cœurs et de l’estomac. Il est impossible au théâtre de pouvoir pâlir subitement : cette difficulté, comme nous l’avons déjà dit à l’article Illusion, nuit souvent à l’effet théâtral. Le moyen de pâlir est de se bien pénétrer de la situation dans laquelle on se trouve : alors on ressent naturellement l’effet que produirait cette situation même, si elle existait ; mais elle ne peut arriver que dans un moment d’inspiration, et les moments d’inspiration portés à ce point, qui n’ont lieu ordinairement que chez les grands acteurs, sont encore très rares.

Nous avons dit à l’article geste, que les anciens avaient des écoles ou l’on professait l’art des gestes. Cet art fut porté si loin chez les Romains, que les pantomimes savaient exécuter toutes sortes de pièces et exprimer tout ce qu’ils voulaient dire, sans rien prononcer. C’étaient des hommes qui avaient, pour ainsi dire, une langue à chaque doigt ; qui parlaient en gardant le silence et qui pouvaient faire un récit entier sans ouvrir la bouche. Leur gesticulation devait être d’autant plus chargée, qu’ils étaient masques et qu’ils représentaient dans de forts vastes enceintes. D’ailleurs, lorsqu’on est privé de l’expression du discours, il est nécessaire d’y suppléer du moins par des signes ou des démonstrations capables de se faire entendre. Ressource dont nous n’avons pas besoin dans nos petites salles, ni dans nos pièces écrites, qui disent tout ce qu’il faut dire, sans le recours de tous ces gestes multipliés. Les Romains, dit-on, préféraient aux représentations des comédiens celles de ces habiles Pantomimes. Ceux-ci étaient à Rome en si grande considération, dit Sénèque, que les maris et les femmes se disputaient à qui leur céderait le haut du pavé. Les plus fameux était Pylade et Bathylle : l’un protégé par Auguste et l’autre par Mécène. On observera, en passant, que les Italiens semblent se ressentir un peu de cette grande gesticulation en parlant. Peut-être aussi ce penchant tient-il à la constitution du climat ; car les nations du Nord sont beaucoup moins habituées à gesticuler, que celles du Midi…

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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