Ombres Chinoises

Voyez Marionnettes (Montreurs de).
Dictionnaire historique des arts, métiers et professions. Exercés depuis le 13 siècle. Alfred Franklin, E. Welter éditeur, 1906

Les ombres chinoises sont un spectacle enfantin dont l’origine, ainsi que l’indique son nom, semble être due aux Chinois, et qui est extrêmement populaire chez tous les peuples des contrées de l’Orient. Son mécanisme est à la fois ingénieux et primitif. Sur un petit théâtre, le rideau d’avant-scène est remplacé par une toile blanche ou un papier huilé soigneusement tendu, derrière lequel, à une distance de deux ou trois mètres, on place des lumières. Entre les lumières et le rideau, on fait glisser des figures mobiles et plates, taillées dans du cuir ou dans des feuilles de carton, et ces images, se profilant alors sur le rideau avec la netteté d’une silhouette, apparaissent aux yeux du spectateur. Une main invisible fait mouvoir ces petites figures, à l’aide desquelles on joue de petites pièces et des actions dramatiques. C’est vers 1770 que ce spectacle a été introduit pour la première fois à Paris, où il fit bientôt fureur, ainsi que le constate Grimm dans sa Correspondance. Quelques années plus tard, Dominique Séraphin ouvrit un petit théâtre d’ombres chinoises à Versailles, eut la chance d’être appelé plusieurs fois à la cour, obtint bientôt pour sa modeste entreprise le titre de « Spectacle des Enfants de France, » et en 1784 vint établir à Paris, sous les galeries du Palais-Royal, dans une petite salle que lui et ses successeurs occupèrent jusqu’en 1858, c’est-à-dire pendant trois quarts de siècle, en dépit des révolutions et des commotions politiques qui pendant ce temps renversaient tant d’institutions séculaire ! Les Ombres chinoises de Séraphin étaient d’ailleurs très perfectionnées, et elles représentaient de vraies pièces qui leur étaient fournies par de vrais écrivains, entre autres Du Mersan, Dorvigny, Gabiot de Salins, Guillemain, Maillé de Marencourt, etc. Mais, malgré le succès de celles-ci, aucune n’atteignit jamais la vogue du Pont cassé, le fameux Pont cassé, la pièce classique des Ombres chinoises, qui était pour elles ce qu’est le Tartuffe pour la Comédie-Française.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


 

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