Neuropathies périphériques chez les artistes : peintres, musiciens, danseurs, sculpteurs, circassiens

Comment les neuropathies se manifestent-elles ?

Les symptômes des neuropathies ont des sièges variés, mais le plus souvent on les retrouve au niveau des membres et en général elles intéressent le territoire distal.
Les symptômes dépendent du processus causal et de son évolution, de la gravité des lésions nerveuses ainsi que du site où ils s’expriment.
De manière clinique, on distingue comme signifiants, d’une part l’absence de certains signes que l’on devrait trouver dans une situation normale et que l’on nomme "signes négatifs", d’autre part des signes qui à l’inverse ne sont pas retrouvés dans une situation normale et qui se révèlent lors des troubles et que l’on nomme "signes positifs".

L’interrogatoire
 

« Evolving Conciousness », 2012
Meena Kayastha

1. Les symptômes sensitifs

  • signes négatifs
    • Les sensations peuvent être altérées ; on note une perte de la sensibilité tactile et proprioceptive ; le sens de position des articulations est diminué ce qui peut entraîner une difficulté au niveau tactile, ou une sensation "floue" : sentir comme à travers du coton ; la marche peut devenir instable. Ces symptômes se rencontrent lors d’une atteinte des fibres myélinisées.
    • Les sensations thermique, douloureuse peuvent également être modifiées ou/et affaiblies. C’est la conséquence alors de l’atteinte des fibres non myélinisées.
    • Ces troubles sensoriels selon leur importance peuvent être particulièrement délétères sur l’activité artistique, c’est pour cela qu’il faudra être attentif à des signes mineurs afin de pouvoir faire un diagnostic précoce.
  • Les signes positifs
    • Les signes précoces sont des paresthésies (fourmillement), des sensations sous la forme de coups d’aiguille qui témoignent de l’atteinte des fibres myélinisées. Lorsque les fibres non myélinisées sont atteintes, cela va se traduire plus volontiers sous la forme de douleur à type de brûlures des extrémités,
    • des dysesthésies (lorsque la sensation de contact est douloureuse)
    • des hyperalgies (quand le seuil douloureux est abaissé)
    • hyperpathie (quand le seuil douloureux est élevé, mais que la sensation douloureuse lorsqu’elle survient est extrêmement forte)

2. Les symptômes moteurs
Ils vont se traduire par une faiblesse musculaire qui va s’exprimer selon le territoire atteint (membre inférieur, membre supérieur) par une difficulté dans la motricité.
Ces troubles peuvent évoluer sur plusieurs mois, voire des années avec parfois seulement la présence de signes mineurs. Le plus souvent certaines fonctions qui participent à la pratique vont être précocement modifiés et la présence de ces signes même à un faible niveau doit alerter l’artiste et l’amener à consulter.

Les signes cliniques
Les signes moteurs
Deux signes majeurs sont retrouvés

  • la paralysie ou parésie des membres : elle est non dissociée (touchant la motricité volontaire, automatique, réflexe), flasque (hypotonique), cotable à l’aide du testing :
cotation par testing
0 absence de contraction musculaire
1 contraction sans déplacement
2 déplacement uniquement si la pesanteur est éliminée
3 déplacement contre la pesanteur
4 déplacement contre résistance
5 force normale
  • l’amyotrophie du fait que le ou les muscles sont moins stimulés.
  • Par ailleurs la réponse idiomusculaire est normale.

Les réflexes ostéo-tendineux
Les réflexes lors de neuropathies sont diminués ou abolis dans le territoire de lésion de l’arc réflexe en cause (++) :

 

réflexe racines et/ou nerfs concernés
bicipital racines C5, C6, nerf radial
tricipital racines C7, C8, nerf radial
cubitopronateur racine C8, nerf cubital
rotulien racines L3, L4, nerf crural
achilléen racines S1, S2, nerf sciatique

Les signes sensitifs
témoignant d’une atteinte des fibres myélinisées : hypoésthésie tactile, discriminative, pallesthésique (perception du diapason), altération du sens de position des articulations (sens proprioceptif).
témoignant d’une atteinte des fibres peu ou non myélinisées : hypoesthésies thermiques (distinction chaud-froid) et douloureuses (distinction contact avec le coton-piqûre)
Leur topographie doit être analysée : radiculaire, tronculaire, distale en chaussette…

Les signes neurovégétatifs

  • troubles vasomoteurs : oedème, cyanose
  • troubles trophiques : cutanés (peau sèche, squameuse, atrophique), profonds (rétraction tendineuse, maux perforants plantaires)
  • hypotension orthostatique, troubles du rythme cardiaque, troubles génito-sphinctériens…
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