Néron

Opéra en quatre actes, livret allemand traduit de la pièce française de M. Jules Barbier, musique de M. Rubinstein, représenté au Stadttheater de Hambourg le 1er novembre 1879. Cet ouvrage a une importance exceptionnelle, tant à cause du talent de son auteur que sous le rapport des proportions d’un si grand travail. Il comprend vingt rôles et dure plus de quatre heures. Si la satisfaction de l’auditeur subit quelques défaillances çà et là, il faut admettre des circonstances atténuantes. Il n’est donné qu’à trois ou quatre musiciens de génie par siècle d’avoir l’inspiration à jet continu ou de se servir des formes scientifiques de l’art avec un goût si sûr, qu’elles tiennent lieu de génie. Le poème est fortement conçu et fertile en situations dramatiques. L’empereur histrion poursuit de ses ardeurs criminelles une jeune fille nommé Chrysa. C’est une chrétienne. Elle a pour mère, à son insu, la courtisane célèbre Epicharis. Celle-ci la sauve du déshonneur. La fille convertit la mère à la foi chrétienne. Néron fait incendier Rome et fait accroire à la populace païenne que les chrétiens sont les auteurs de ce crime. Chrysa et Epycharis sont immolées avec des milliers d’innocentes victimes. Vindex, prince d’Aquitaine qui aimait Chrysa, lève l’étendard de la révolte et, tout en vengeant la mort de sa maîtresse, va délivrer le monde du monstre qui l’opprime. Néron, en proie aux remords et assiégé de visions menaçantes, se fait donner la mort. Le premier acte et le troisième renferment les plus beaux morceaux. Dans le premier, on distingue le chœur des hôtes d’Epicharis les strophes satiriques du poète Saccus et le chœur de femmes : Schmück Dich mit der tunika (Pare-toi de ta tunique), et des airs de ballet. Le troisième acte offre surtout comme dignes d’être admirés par les musiciens la prière de Chrysa, l’air du sommeil d’Epicharis et l’ode chantée par Néron en présence du lugubre spectacle de Rome incendiée. Il est à remarquer que la langue musicale des maîtres non contestés, c’est-à-dire celle de Mozart, de Beethoven, de Weber, de Rossini, de Meyerbeer, a inspiré M. Rubinstein plus heureusement, lorsqu’il y a eu recours, que celle de Berlioz et de Wagner, à laquelle il a fait de trop fréquentes concessions. Distribution : Néron, Winckerlmann ; Vindex, Krückel ; Saccus, Landau ; Chrysa, Mme Sucher ; Epicharis, Mlle Borrée ; Poppée, Mme Prochaska.
Dictionnaire des Opéras. Dictionnaire Lyrique. Félix Clément, 1881


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