Mme Bellecour

Comédien

Mademoiselle Beaumenars, plus connue sous le nom de madame Belcour, débuta d’abord à la cour le 11 mars 1749, par le rôle de Finette dans les Ménechmes, et à Paris le 17 avril de la même année par celui de Dorine dans le Tartuffe : elle fut reçue le 14 octobre de la même année, quitta le théâtre à la clôture de 1757, y reparut le 1er avril 1761, et épousa Belcour, mort en 1778. Dans sa première jeunesse en 1743, elle avait joué avec succès à l’Opéra-Comique. Elle y était connue sous le nom de Gogo.
L’année d’après elle s’en retira pour courir la province, jusqu’à l’époque où elle entra au Théâtre-Français.
Aucune actrice n’a demeuré aussi longtemps qu’elle au théâtre. Son zèle égala constamment ses talents, et elle se voua sans réserve aux plaisirs du public et à l’intérêt de ses camarades. Ses longs travaux furent récompensés par la satisfaction intérieure que causent les suffrages, et par l’enchantement toujours nouveau que l’on éprouve par les plaisirs que l’on procure. Madame Belcour avait reçu de la nature le masque de Thalie, et elle travailla longtemps à perfectionner l’usage qu’elle faisait de ce don précieux : elle apporta sur la scène l’esprit et la gaieté qui l’accompagnèrent toujours ; elle inspira le plaisir en paraissant l’aimer ; et comme il est difficile de communiquer des sentiments que l’on n’éprouve pas, le caractère de son talent fut de sembler dire en sortant de la coulisse : « je suis d’un naturel heureux, venez apprendre par mes leçons à vous jouer du trouble de la vie, des chagrins des amants, des soins qui vous suivent sous des lambris dorés, et qui sont consignés à ma porte ». Chaque fois qu’elle paraissait en scène, les applaudissements précédaient ce qu’elle allait dire. Dans les Folies amoureuses, dans le Légataire elle fut toujours Lisette, et rien ne manqua à l’effet théâtral. Madame Belcour, qui obtint constamment les suffrages d’un public juste et éclairé, a passé pour être l’actrice qui a toujours le mieux senti et exprimé le rôle de Nicole, servante du Bourgeois gentilhomme, elle lui remontrait ses sottises avec une gaieté et une vérité que Molière seul pouvait imaginer et que madame Belcour semblait être née pour exprimer parfaitement, car jamais avec une physionomie si comique on n’a ri de meilleure foi. Tout était animé dans ses traits, jamais sa gaieté ni la volubilité de son expression n’ont cédé même aux talents du fameux Préville, nom célèbre auquel le sien fut toujours associé.
On disait, en allant voir jouer les pièces de Molière : Nous y verrons Préville et madame Belcour. Les curieux accouraient en plus grand nombre aux comédies modernes et aux tragédies de Voltaire ; mais les gens de goût, les gens de lettres ne se lassaient point d’entendre Préville et Madame Belcour. A l’effet piquant de la physionomie elle joignait le mordant d’une voix franche et point trop élevée, et quand elle riait tout semblait rire avec elle. L’étendue de son talent l’a fait réussir également dans tous les rôles de son emploi, et elle a toujours été applaudie autant que ses rivales dans les rôles modernes, quoiqu’ils eussent été fait  particulièrement pour elles. Elle est décédée, en 1799, au grand regret de tout ceux qui la connurent

Galerie dramatique, ou Acteurs et actrices célèbres qui se sont illustrés sur les trois grands théâtres de Paris. 1809


 

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