Mlle Champmeslé

Comédienne

C’est dans l’âme de l’acteur ou de l’actrice tragique qu’est le foyer de son talent ; c’est-là que doivent fermenter toutes les passions, tous les sentiments exprimés dans ses rôles toutes les passions, tous les sentiments exprimés dans ses rôles, pour se répandre avec rapidité sur les traits de son visage, dans les attitudes de son corps, dans ses plus légers mouvements, dans ses moindres gestes. Avant donc de se livrer à l’étude de cet art si difficile, il faut qu’il se sente une âme brûlante, susceptible des plus profondes et des plus promptes émotions : il faut aussi que la nature lui ait donné non pas une belle figure, avantage souvent inutile et même quelquefois dangereux, mais une figure expressive, dont les muscles mobiles, et les traits flexibles se prêtent avec docilité aux divers mouvements de l’âme. Il faut encore que sa voix sensible, imposante et sonore, soit la fidèle interprète de toutes les passions tragiques, et que toujours d’accord avec les mouvements de son visage elle exprime comme lui la tendresse ou l’emportement, la douleur, ou la joie. Dire ce qu’il faut que la nature ait fait pour un acteur ou une actrice, c’est dire faiblement ce qu’elle avait fait pour la célèbre Champselé, qui remplissait les premiers rôles tragiques avec un talent rare et parfait sur le Théâtre-Français. Son âme était de feu et parfait sur le Théâtre-Français. Son âme était de feu, sa voix douce ou terrible et toujours harmonieuse. Son visage se couvrait à son gré du voile de la tristesse, des sombres fureurs, ou portait l’empreinte des plus doux sentiments de l’amour. Cette mobilité de muscles était un des grands moyens qu’elle employait pour faire passer dans l’âme des spectateurs les sentiments dont elle paraissait pénétrée elle-même.

Racine lui doit une partie de sa gloire. Le poète Despréaux a immortalisé son nom par ce beau vers : « Champmeslé pleure encore sur le sein de Racine ».
Elle fut, dit-on, longtemps la maîtresse de Racine ; mais par la suite elle le sacrifia au comte de Clermont-Tonnerre. On fit alors à ce sujet le quatrain suivant ; quatrain dont tout le sel et toute la finesse roulent sur un jeu des mots :

Au tendre amour elle fut destinée,
Qui prit longtemps Racine dans son cœur ;
Mais par un insigne malheur,
Le Tonnerre est venu qui l’a déraciné.

Marie Desmares Champmeslé naquit à Rouen en 1641. Après avoir joué sur plusieurs théâtres de province, elle débuta à Paris sur le théâtre du Marais en 1669 ; passa à celui de l’Hôtel de Bourgogne à la rentrée de pâques 1670.
En 1679, elle fut admise au théâtre de Guénegaud, et fut conservée à la réunion en 1680. Elle est morte le 15 mai 1698, âgée de 57 ans.


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